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Esquisses préparatoires du Combat magique de Sariputra contre les hérétiques

Sept hérétiques face à l’ouragan
Esquisses préparatoires du Combat magique de Sariputra contre les hérétiques
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Sur ce fragment, constitué de plusieurs feuilles mises bout à bout, ont été esquissés plusieurs épisodes du Combat magique. On retrouve ces dessins sur la belle fresque de la grotte n° 196 où ils illustrent cinq scènes peintes dans l’espace qui encercle le trône. Sur la première feuille, l’artiste a dessiné le personnage qui frappe le tambour de la victoire, une femme qui pourrait être la déesse Laksmi, à côté du caractère fo (bouddha) et d’un cartouche laissé vide, ainsi que de deux hommes agenouillés. Tous figurent aussi dans la fresque. Mais c’est le reste du feuillet qui donne tout son intérêt au dessin. Dans le coin en haut à droite, un personnage tient l’outre d’où s’échappe le vent suggéré par quelques traits. Plus bas, les hérétiques se sont regroupés pour se protéger de l’ouragan et se retrouvent enroulés dans les plis du dais détaché du trône de Raudraksa. Le dessin montre leurs têtes aux yeux inquiets.

Ce même épisode est repris sur le feuillet suivant, dessiné d’une main plus expérimentée, où l’artiste a tiré parti de sa longueur pour faire une composition verticale d’une grande originalité. Elle montre l’empilement de sept têtes, et non plus cinq, beaucoup plus détaillées que précédemment, présentées de face, de profil ou de trois quarts. L’émotion se lit sur les visages : fronts plissés, yeux effarés, certains n’hésitant pas à mordre dans le drap qui semble leur dernière planche de salut tandis que l’un d’entre eux agrippe les cheveux de son voisin. Des membres en désordre (bras, mains, pieds) ajoutent à la confusion de cette scène d’une grande expressivité. Le vent souffle si fort qu’il a déculotté l’un des hérétiques dont le postérieur découvert figure presque au centre, rendant ce groupe grotesque et ridicule.
Le rouleau se poursuit par un dessin qui reprend le détail de l’homme s’apprêtant à frapper le tambour, exécuté ici avec vigueur et dextérité, et s’achève par la représentation des belles séductrices aux allures de danseuses qui tentèrent en vain Sariputra. Repoussées et honteuses de leur conduite, elles cherchent à dissimuler leurs visages dans leurs manches surdimensionnées qui caractérisent un type de vêtement qui existe toujours en Asie centrale chinoise et que les danseuses savent encore de nos jours déployer avec adresse. D’autres études de ces femmes couvrent le début du verso de ce rouleau qui comporte également trois têtes consternées d’hérétiques. Sur la fin du recto se trouve une inscription en tibétain difficilement lisible.
Ces feuillets regroupant plusieurs compositions de qualité diverse sur un même thème pourraient avoir constitué une sorte de manuel ou répertoire de croquis à l’usage des fresquistes.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Fin de la dynastie des Tang ou Cinq Dynasties, 9e-10e siècle
  • Lieu
    Chine
  • Description technique
    Rouleau de 4 feuilles de papier, croquis au recto et au verso, 34,8 x 175 cm
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, PELLIOT TIBETAIN 1293 (2) B

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm34fzsj2xjc8