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Les Élégies du royaume de Chu

Les Élégies du royaume de Chu
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Cette anthologie poétique est composée de dix-sept pièces dont huit sont attribuées au célèbre Qu Yuan, premier poète chinois dont le nom soit connu.
Les vers de ce recueil sont très différents de ceux du Livre des odes et préservent tout un courant poétique méridional propre à la civilisation de l'État de Chu dont l'une des spécificités est de conserver la trace de la tradition des sorciers ou chamans wu. Il montre une grande variété prosodique, au point qu'on ne peut le classer sous un seul genre poétique. Tout comme le Livre des odes, ce recueil a été interprété au second degré, à travers le prisme des valeurs confucéennes. Il est ouvert ici à la fin du recueil intitulé Zhao hunLe Rappel des âmes, de Song Yu, un poète de la cour de Chu du IIIe siècle avant notre ère, et révèle un rituel chamanique au cours duquel le sorcier fait des prières de guérison et demande à l'âme du mourant de revenir chez elle. Le feuillet suivant ouvre le recueil du Da zhao, le Grand Rappel, qui pourrait être attribué à Qu Yuan. On y décrit les beautés des palais et des femmes, par opposition au monde ténébreux des limbes.

Rares ont été les tentatives d'impression polychrome, et parmi celles-ci, il est étonnant de trouver beaucoup de livres dépourvus d'illustrations. Celui-ci sort de l'atelier de Min Qiji (1580-1661) qui, réunissant la somme des expériences passées, mit au point le procédé dit taoban, « série de planches » ou « planches multiples », puisqu'on gravait autant de planches qu'il se trouvait de couleurs à poser sur un même feuillet. L'impression se faisait par applications successives et demandait un soin particulier. La difficulté de ce type de travail réside dans le repérage exact des endroits sur lesquels appliquer les feuilles. Les angles inférieurs des deux pages présentées ici portent les marques qui ont servi au placement afin que les trois planches coïncident.

L'aspect de cet imprimé est inhabituel et s'inspire plutôt du manuscrit d'érudit. La quasi-totalité des livres chinois était produite à l'encre noire. Au fur et à mesure, le lecteur portait en rouge ses propres ponctuations et annotations. Les combinaisons graphiques colorées de cet ouvrage lui donnent l'allure d'un livre qui aurait été annoté par un fin lettré. Ce sentiment est renforcé par la graphie semi-cursive du texte en bleu. On note une diversité de signes de ponctuation : gouttes obliques rouges, pleines ou dessinées au contour externe, ou bleues ; des cercles en rouge ou en bleu ; un signe angulaire en rouge.

© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Dynastie des Ming, ère Wanli, 1620
  • Lieu
    Chine
  • Auteur(es)
    Min Qiji (1575 - après 1656), éditeur
  • Description technique
    Édition xylographique imprimée en trois couleurs, colonnes non tracées, 19 caractères par colonne, notes interlinéaires en petits caractères, commentaires dans la marge supérieure, 1 fascicule, 26,5 x 17,3, bois : 21,2 x 15,3
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, CHINOIS 3557

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmgqcrhb3s4j1