Découvrir, comprendre, créer, partager

Image

Sakanoshita : Le sommet d’où l’on jette son pinceau (Fudesute mine)

Les « Cinquante-trois relais du Tôkaidô » (Tôkaidô gojûsan tsugi), 48e relais
Sakanoshita : Le sommet d’où l’on jette son pinceau (Fudesute mine)
Le format de l'image est incompatible

L’autre paysagiste, Hiroshige, va se faire connaître par les relais du Tôkaidô. Le Tôkaidô était la route qui menait d’Edo à Kyoto. Edo était la capitale shogunale et Kyoto la résidence de l’empereur. Cette route longeait la côte rocheuse de l’archipel et de nombreux voyageurs l’empruntaient. Les Japonais se trouvant isolés dans leur pays, n’ayant pas l’autorisation de la quitter, voyageaient à l’intérieur de l’archipel. Ils rejoignaient les deux villes distantes de cinq cents km à pieds, à cheval, en palanquin, en chaise à porteurs, selon leur rang. Les cortèges de daimyô qui allaient régulièrement rendre hommage à l’empereur empruntaient également cette route avec toute leur suite. Sur cette voie très fréquentée, des relais tous les deux km environ permettaient de se restaurer, de trouver des auberges, des maisons de thé, des écuries, des magasins, tout ce qui était nécessaire lors de ce pèlerinage. On trouvait aussi de très nombreux pèlerins qui se rendaient dans tous les temples longeant cette route.
Hiroshige va dessiner différents relais dans des styles tout à fait variés. Le relais de Sakanoshita offre un panorama exceptionnel et grandiose sur le mont Fudesute. Les montagnes sont tout à fait dans le style chinois, elles semblent flotter dans le vide, ne pas avoir de base. Opposant les zones pleines – composées des cimes, des roches, des pins ou de la maison de thé – aux zones vides – figurant le gouffre et le ciel – Hiroshige restitue avec un très grand talent ce précipice envoûtant et ce « sommet d’où l’on jette son pinceau ». Nous rejoignons là la spiritualité de l’art chinois, alors que la côte qui borde un précipice, elle, est animée et habitée par de petits personnages. L’intitulé du relais, le sommet d’où l’on jette son pinceau, vient de ce qu’autrefois un peintre, Morotobu (1476-1559), célèbre peintre de l’école Kanô aurait, dit-on, jeté ses pinceaux, désespéré de ne parvenir à traduire la beauté du site.

© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1833 - 1834
  • Auteur(es)
    Hiroshige Utagawa (1797-1858)
  • Description technique
    Sous-titre dans un cartouche rectangulaire : « Le sommet d’où l’on jette son pinceau » (Fudesute mine)
    Série de 55 planches
    Signé : « Hiroshige ga »
    Inscriptions : dans la partie supérieure, titre de la série sur deux ou trois colonnes de caractères, suivi, à gauche, du titre de l’estampe (nom du relais) et, dans un cartouche, du sous-titre correspondant à la scène représentée
    Éditeur : Senkakudô Tsukuri et Takenouchi (propriétaire de la maison Hoeidô)
    Graveur : Jirôbei
    Imprimeur : Heibei
    Cachet de censure : kiwame
    Nishiki-e ; format ôban yoko-e (horizontal), soit environ 25 x 38 cm avec les marges
    Dimensions (trait carré) : 22, 2 x 34, 4 cm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE DE-10 - J. B. 1050

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm3142004100