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Le renard

Livre de chasse de Gaston Phébus
Le renard
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Dans ce traité de vénerie écrit de mai 1387 à 1389, le comte de Foix Gaston Phébus décrit tous les animaux à chasser ainsi que les différents aspects de la chasse médiévale. Dans cette copie du 15e siècle, le chapitre consacré aux mœurs du renard est illustré d’une peinture représentant l’animal dans toutes les attitudes de sa vie : sortant de sa tanière, courant, à l’affût, attrapant sa proie, la dépeçant…

« Du renard et de toute sa nature

Le renard est assez commune bête, aussi n’y a-t-il pas lieu de le décrire, car il y a peu de gens qui n’en aient vu. Il présente un grand nombre des caractères du loup, car il porte ses petits en aussi grand nombre que la louve, tantôt plus, tantôt moins, ainsi que lalouve ; toutefois il les fait sous terre bien plus profondément que la louve et il est en chaleur une fois par an. Il a la morsure venimeuse comme le loup, et sa vie n’est pas plus longue que celle du loup. [...]
La chasse au renard est très belle, car les chiens le chassent de près, et ils le sentent toujours facilement, parce qu’il fuit les forts pays et que c’est une très puante bête. C’est rarement qu’il consent à quitter un pays et à prendre la campagne, parce qu’il ne se fie ni à sa course ni à sa défense, car il est trop faible, et s’il le fait, ce sera par nécessité et toujours il suivra lecouvert ; et s’il ne se pouvait couvrir que d’une ronce, il s’en couvrirait. Et quand il voit qu’il n’y pourra durer, il se met dans laterre ; et il a ses fosses, qui sont ses forteresses, et qu’il connaît bien. [...]
Il vit de toutes vermines, de toutes charognes etordures ; mais sa meilleure nourriture et celle qu’il préfère, ce sont gélines et chapons, canes et oies, petits oiseaux sauvages quand il les trouve à point, papillons, grillons, lait, fromage et beurre. Ils font grand dommage aux garennes de lapins et de lièvres, qu’ils prennent et mangent volontiers par leur grande subtilité et malice et non pas à la course. Il y en a qui chassent comme les loups, d’autres qui ne vont qu’aux villages quérir leur proie, comme j’ai dit.
Ils sont si malicieux et si subtils que ni hommes ni chiens n’y peuvent remédier ni déjouer leurs ruses. Ils demeurent volontiers dans leurs forts, haies, buissons ou fosses, près des villes ou villages, pour toujours faire mal aux poules et autres choses, comme j’ai dit. La peau du renard est bien chaude pour faire des mouffles ou pelisses, mais ce n’est pas une belle fourrure et aussi elle pue toujours, si elle n’est pas bien préparée. [...] »

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    15e siècle
  • Lieu
    France, Paris
  • Auteur(es)
    Gaston Phébus, auteur
  • Description technique
    Peinture et or sur parchemin
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, Français 616, fol. 34v

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm121201482v