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Jeux de miroirs

Le lion malade et le renard, Livre sixième, fable XIV
Jeux de miroirs
Le format de l'image est incompatible

Les premières éditions des Fables étaient toutes illustrées, les gravures de Chauveau semblaient faire partie intégrante de l'œuvre. Elles en ont ainsi inauguré une lecture particulière, où l'image et le texte se reflètent mutuellement.
Et pourtant la question de l'illustration ne va pas de soi ; au fil des siècles les illustrateurs qui s'y sont risqués en ont proposé des interprétations très différentes, s'émancipant progressivement de la contrainte d'une fidélité absolue au « message » de La Fontaine.

Grandville et Doré, au 19e siècle, s'autorisent des libertés de transposition substantielles. Et pourtant, même ainsi librement comprise, l'illustration de la fable se heurte à un écueil incontournable, celui de devoir exprimer en une seule image, en un seul instant, un ensemble de péripéties qui se déroulent dans la durée.

Grandville apporte à ce dilemme une réponse exemplaire. Dans l'illustration qu'il propose de L’Homme et son Image, il embrasse toute la problématique de la fable en une seule image amoncelant miroirs et reflets et installant au centre le reflet d'un spectateur invisible qui se regarde, dont la place serait exactement à l'endroit du lecteur qui se trouve ainsi happé par le propos, obligé de regarder sa laideur.
 
Il manifeste ainsi une vérité de l'illustration l'image réfléchit la fable, mais aussi l'illustrateur, mais aussi le lecteur. Elle est miroir et donc chemin de connaissance.

Bibliothèque nationale de France

  • Auteur(es)
    Dessin de Gustave Doré, gravure sur bois d’Héliodore Pisan
  • Provenance

    BnF, Réserve des livres rares, Smith Lesouëf R-6285

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm321200318b