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L’atelier « Fabrique ton globe à la manière des cartographes du 16e siècle »

Un atelier pour les 8-13 ans
Globe terrestre dit « Globe vert » ou « de Quirini »
Globe terrestre dit « Globe vert » ou « de Quirini »

Bibliothèque nationale de France

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Réaliser son globe et le décorer à la manière de ceux du 16e siècle, tel est le but de cet atelier.  Un seul prérequis : connaître le nom des continents et savoir les localiser sur un planisphère. À vos ciseaux !

Outils nécessaires

  • Une boule en polystyrène expansé de 12 cm de diamètre
  • Des ciseaux
  • De la colle
  • Du scotch double face ou de la pâte à fixe
  • Le globe en fuseaux de 1933 édités par E. Girard de la Maison Forest.
  • Les images extraites de cartes et de globes anciens

Ces éléments peuvent être téléchargés ici :

Déroulement de l'atelier

Cet atelier dure environ 1 heure.

  • Découper les fuseaux et les deux calottes polaires.
  • Les coller sur la boule de polystyrène dans le bon ordre.
    Un conseil : commencer par coller les fuseaux un par un puis terminer en collant les calottes polaires.
On colle les fuseaux
On colle les fuseaux
On ajoute les calottes polaires
On ajoute les calottes polaires
  • Choisir entre 10 et 15 images parmi la liste proposée. Toutes ces images apparaissent sur des cartes ou des globes anciens réalisés entre le 15e et le 17e siècle.
    Un conseil : Choisir des images pour illustrer chacun des continents et des océans (voir les indications géographiques données dans le tableau).
  • Découper les images choisies puis à l’aide de pâte à fixe ou de scotch double face, coller-les sur le globe. Attention, les images choisies doivent être collées sur le continent correspondant en s’aidant des indications données dans le tableau.
On ajoute des images
On ajoute des images
Voilà un gobe fini !
Voilà un gobe fini !

Variante possible : On a délibérément choisi pour cette activité un globe daté de 1933. Les enfants peuvent ainsi s’appuyer sur leurs connaissances géographiques. On pourra faire réaliser aux plus grands un globe à partir de fuseaux de l’époque moderne choisis au sein du corpus des globes terrestres en fuseaux de Gallica.

Qu’est-ce qu’on apprend ?

Les voyages d’exploration à l’époque moderne et le triomphe des globes

À partir du milieu du 15e siècle, les Européens – les Espagnols et les Portugais d’abord puis les autres puissances comme les Français, les Hollandais et les Anglais – explorent le monde. En 1492, Christophe Colomb arrive aux Antilles. En 1498, Vasco de Gama serait le premier Européen à parvenir en Inde par l’océan en contournant l’Afrique. Juan Sebastián Elcano réalise la première circumnavigation (tour du monde en bateau) entre 1519 et 1522 lors de l’expédition commandée au début par Fernand de Magellan. Ces voyages d’exploration permettent des progrès spectaculaires des connaissances géographiques et révolutionnent durablement l’organisation du monde avec le début de l’ère coloniale, l’instauration du commerce et de la traite atlantique et la confrontation à l’Autre.                     

Les globes commencent à se diffuser en Europe à partir du 16e siècle. Les cartographes y figurent les terres nouvellement explorées par les Européens. En 1506, l’Amérique est représentée pour la première fois sur le globe dit « Globe vert » réalisé par Martin Waldseemüller. Ces globes mettent en scène les expéditions des explorateurs. Sur le « Globe doré » datant de 1535 environ, est ainsi tracé l’itinéraire suivi par Magellan et Elcano lors de leur circumnavigation.

Globe terrestre dit « Globe vert » ou « de Quirini »
Globe terrestre dit « Globe vert » ou « de Quirini » |

Bibliothèque nationale de France

Globe terrestre, dit « Globe doré »
Globe terrestre, dit « Globe doré » |

Bibliothèque nationale de France

Les globes servent à l’enseignement de la géographie et à l’apprentissage de la navigation. Ils témoignent de l’intérêt de leurs possesseurs pour les sciences. Ce sont également des objets d’art destinés à décorer les intérieurs.

Les globes en fuseaux

Au 16e siècle, apparaît une nouvelle méthode de fabrication de globe appelée le « globe en fuseaux ». Cette méthode perdure jusqu’au 20e siècle.

La cartographe commence par dessiner une carte à plat sur une feuille. Cette carte est constituée de 12 bandes en forme de fuseaux. Mais qu’est-ce qu’un « fuseau » ? Un fuseau est un bâton en bois utilisé pour filer. Cet outil est renflé au milieu et se termine en pointe aux deux extrémités. Cela rappelle la forme des bandes dessinées par le cartographe qui permettent de reproduire la courbure de la terre.

En plus de ces 12 fuseaux, le cartographe dessine deux disques représentant les calottes polaires (régions se situant autour des pôles Nord et Sud).

Les fuseaux et les calottes polaires une fois dessinés sont ensuite gravés sur des plaques de cuivre (gravure en taille douce) ou, à partir du 19e siècle, sur des pierres (lithographie). À partir de ces supports gravés, on va pouvoir imprimer sur du papier des planches de fuseaux en série. C’est pourquoi la fabrication des globes en fuseaux apparaît au 16e siècle, en même temps que la diffusion de l’imprimerie en Europe.

Une fois les fuseaux et les calottes polaires imprimés, il suffit ensuite de les découper et de les assembler sur une sphère. Cette sphère est le plus souvent en papier mâché ou en plâtre. Avant de coller les fuseaux, on trace sur la sphère l’équateur, les parallèles et les méridiens pour repérer l’emplacement de chaque fuseau sur la boule. Les fuseaux peuvent alors être soigneusement disposés un par un. Cette étape est délicate car la juxtaposition des fuseaux doit être parfaite. Si les fuseaux ont été imprimés en noir et blanc, on peut enfin peindre le globe.

En fonction des dimensions qu’il veut donner au globe, l’éditeur commande au cartographe des fuseaux plus ou moins grands. Ainsi, on peut constituer une gamme de modèles de plusieurs tailles.

Avec cette méthode, on peut produire des globes terrestres (représentant la Terre) ainsi que des globes célestes. Un globe céleste est une sphère centrée sur la Terre, sur laquelle est dessinée une carte du ciel avec les différents astres et les constellations. À partir du 16e et jusqu’au 18e siècle, on fabrique le plus souvent les globes par paire, un globe terrestre et un globe céleste, afin de représenter l’ensemble du cosmos.

L’iconographie des globes et des cartes au Moyen Âge et à l’époque moderne 

Dès le 14e siècle, des illustrations apparaissent sur les cartes puis, à partir du 15e siècle, sur les globes. Les territoires sont ornés de représentations de rois, de peuples qui y vivent et de la faune et de la flore qui s’y trouvent d’après les récits des voyageurs. Au Brésil par exemple, des oiseaux multicolores se nichent au milieu d’une flore luxuriante tandis que les autochtones sont tantôt des « bons sauvages » vêtus de pagnes et de parures de plumes tantôt des peuples cannibales. Ces enluminures témoignent de l’image que les Européens se faisaient de l’Autre à cette époque.

L’artiste qui orne la carte laisse aussi libre cours à son imagination. Il y figure des dieux, des monstres, des créatures et des peuples fabuleux issus des légendes et des mythologies antiques, du récit biblique ou des récits des voyageurs. Les confins du monde sont ainsi souvent peuplés de Cynocéphales (hommes à tête de chien), de géants, de Cyclopes (géants dotés d’un seul œil), de Blemmyes (hommes sans tête) et de Sciapodes (hommes avec une seule jambe au pied gigantesque) mais aussi de licornes, de griffons ou de dragons tandis que des monstres marins surgissent des océans.

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