La légende orientale d'Alexandre le Grand

La légende orientale d'Alexandre le Grand : page de début
Contre-plat supérieur laqué
La légende orientale d'Alexandre le Grand : Page de garde en papier avec la cote du manuscrit
Page de garde en papier avec la cote du manuscrit
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La cote du manuscrit
Reportée sur la page de garde, la "cote" renvoie au classement du document dans les magasins de la Bibliothèque. Regroupés par langues depuis le milieu du XVIIIe siècle, ceux-ci sont ensuite classés par fonds, selon leur provenance et leur date d’entrée à la bibliothèque (Bibliothèque royale, saisies révolutionnaires, etc.), puis, à l’intérieur de chaque fonds, en fonction de leurs dimensions et des domaines de la pensée qu’ils couvrent (Bible, patristique, droit canon et civil, histoire, etc.).
Ici, la cote fournit des informations sur la langue employée dans le manuscrit, le persan, et sur son numéro d’ordre dans les rayonnages.
La légende orientale d'Alexandre le Grand : Page tapis de frontispice 1
Page tapis de frontispice
La légende orientale d'Alexandre le Grand : Page tapis de frontispice 2
Page tapis de frontispice
Fol. 253v : Sarlowh, page initiale du poème, début du Charaf-nâmeh
Fol. 253v : Sarlowh, page initiale du poème, début du Charaf-nâmeh
Plus de détails sur la pageLes plus simples décors se réduisent à ce type de frontispice rectangulaire. A l’imitation des décors monumentaux, une inscription se détache sur un fond de volutes, d’arabesques ou de motifs géométriques, mêlant travail du calligraphe et de l’enlumineur. Dans ce manuscrit, le début de chaque poème est surmonté d'un Sarlowh d'une facture assez classique.
La légende orientale d'Alexandre le Grand : f294
Fol. 294
Plus de détails sur la pageIskandar conquérant, sage et prophète
Lorsque je tirais le lot dans le labyrinthe de l'histoire pour trouver un héros pour mon livre, voilà que tout d'un coup émergea devant moi l'image d'Iskandar (Alexandre) qui ne se laissa plus écarter. Ne regarde pas avec confusion ce souverain qui savait porter le glaive aussi bien que la couronne ! Les uns l'appellent seigneur du trône, conquérant des empires, les autres vantent sa sagesse en vue de son règne juste, un troisième groupe le considère comme un prophète à cause de sa pureté et de sa piété. Des trois germes semés par ce sage, moi, j'aimerais en faire pousser un arbre. D'abord je parlerai de la royauté et de la conquête, puis j'ornerai mes paroles de sa sagesse, renouvelant son ancien combat, finalement je frapperais aux portes de la prophétie, car Dieu lui-même l'appelle un prophète.
iskandar : fol.4v
Fol. 256 : Mirâdj (ascension) du Prophète
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L'ascension du Prophète
La Tradition rapporte que le Prophète, conduit par l’ange Gabriel et monté sur al-Burâq, franchit en une nuit la distance qui sépare La Mecque de Jérusalem. Il y célèbre la prière dans la mosquée al-Aqsâ en compagnie des prophètes qui l’ont précédé, guidés par Abraham, Moïse et Jésus. Puis, grâce à l’échelle céleste qui mène jusqu’au paradis, il s’élève et franchit successivement les portes des sept cieux. A l’entrée du premier, il rencontre Adam au milieu des êtres promis à l’enfer ou au paradis ; ans le second, Jésus et Jean-Baptiste ; dans le troisième, Joseph, David et Salomon ; dans le quatrième Idris et Aaron, puis Moïse dans le sixième. Abraham l’accueille enfin au seuil du trône céleste dans le septième et c’est là que l’abandonne l’ange Gabriel et qu’il parvient, seul, au Lotus du Terme suprême, l’arbre immense dont le tronc donne naissance aux quatre fleuves du paradis et à l’ombre duquel martyrs et croyants attendent le jour de la résurrection. Il parvient alors à la Lumière divine et Dieu, qu’il ne voit pas, lui révèle les prescriptions rituelles à suivre. A son retour, après avoir visité le paradis et l’enfer, il revient à La Mecque où il se réveille pour la prière du matin.
Développé dans la littérature populaire, le voyage du Prophète est tantôt interprété comme un miracle, tantôt comme une vision mystique. Pour les Sufis, c’est le modèle du voyage spirituel.
Iskandar : fol 188v
Fol. 188v
Plus de détails sur la page L'ascension du très noble Prophète
Et il franchit le faîte du ciel ; ses efforts annulaient la terre et le temps.
Il n'avait dans sa hâte rencontré nul combat, n'avait auprès de lui aperçu aucun preux...
Jeté hors du chemin par la plume d'une aile de l'ange Gabriel, ce choc avait fait fuir un autre ange, Esrâfîl.
De plusieurs parasanges il avait dépassé le faîte de la tente, de cette haute tente où résonnaient des sons.
Du Portail de Sidra et depuis le lotus du septième firmament jusqu'au pied du grand Trône – le haut Trône divin – la pureté avait déployé son tapis, degré après degré.
Fol. 271v
Fol. 271
Iskandar fol.272
Fol. 272 : Bataille entre Iskandar et les noirs de Zang
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Iskandar combat l'armée des noirs de Zang
Et dans ce face-à-face l'armée des gens de Roûm était partout active et combattait la troupe de ce peuple de Zang.
Iskandar prit en main son épée et, du coup, sur l'armée de ces Noirs défaite s'abattit.
Et la harpe des Noirs fit entendre un chant triste pour pleurer Zangâleh, tandis que l'instrument des Byzantins jouait un air joyeux.
Et le drapeau royal s'éleva jusqu'au ciel. Et l'on n'entendait plus le tumulte des Noirs.
Un nuage passa faisant tomber la pluie, qui lava les épées des traces du combat contre l'armée des Noirs.
Sous son étendard d'or, le roi était debout ; il était revêtu d'une cabaye de soie.
Iskandar fol.285v
Fol. 285v : Iskandar et Dârâ (Darius) mourant
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Des généraux tuent Dârâ (Darius) au cours de la guerre contre Iskandar
Iskandar descendit de son roux alezan et s'en vint au chevet de ce puissant héros.
Ayant fait retirer à ces deux généraux leur armure de fer,
Donna l'ordre à ses hommes qu'on les gardât sur place ; il s'élança lui-même, en proie à l'affliction.
Il se pencha vers la couche du roi blessé et délia le nœud de l'auguste cuirasse des rois Keyanides.
Posa sur son genou la tête du blessé, nuit obscure celant l'éclat du jour.
Les yeux clos et le corps engourdi, il dit ces mots : "Échappe à ce massacre !
Laisse-moi ! Car pour moi, je n'ai plus nul salut ; la lampe de mes yeux ne voit plus la lumière ;
Le destin m'a brisé (…)
Avec cette main même que vers moi tu tendis, tu peux toi-même ceindre des anciens Keyanides la très noble couronne..."
Iskandar : fol.286
Fol. 286
Iskandar : fol.314v
Fol. 314v
Iskandar : fol.315
Fol. 315 : Iskandar reçoit l'ambassadeur du Khâqân de Chine venu faire allégeance
Plus de détails sur la pageL'arrivée et la réception de l'ambassadeur du Khâqân
Et sur ordre du roi l'éloquent messager s'assit, fit révérence à celui qui le faisait asseoir.
Il resta un moment sans jeter nul regard ; il ne souffla nul mot des diverses affaires, mauvaises ou bonnes, qui l'amenaient.
Le cercle du compas était comme évanoui ; il restait silencieux, tel un point dans ce cercle.
Du souverain vint un signe : "Si tu portes message heureux, délivre-le !"
Pleine lune que cache la nuée, ses paroles brillaient comme perles mais tranchaient comme l'épée.
"Que des royaux voyages entre Iran et Byzance vienne prospérité pour tout le territoire !
Que de la Chine à l'autre extrémité du monde, la terre en son entier vous soit toute soumise !"
Iskandar : fol335v
Fol. 335v
Iskandar : fol.336
Fol. 336 : Les prophètes Khizr et Iliyâs à la Source de vie
Plus de détails sur la page Khizr découvre la source de vie
La pierre éclatante rayonna dans sa main et tout en dessous Khizr vit ce qu'il recherchait.
Apparut à ses yeux cette source argentée ; tel l'argent épuré que l'on pourrait extraire du dur cœur de la pierre.
Car ce n'était source ordinaire – notre propos étant tout autre – ; l'eût-elle été pourtant, elle aurait fait aussi éclater la lumière.
Comme est l'étoile au point du jour, elle serait de même s'il était un matin qui commençait à l'aube.
La nuit comme la lune n'avait pas diminué, et même on aurait dit qu'elle avait augmenté.
Mais pas un seul instant on ne pouvait trouver un peu de quiétude ; tout était agité ; c'était du vif argent placé entre les mains d'un tremblant vieillard.
Je ne sais comment dire sa pureté de forme, ne sais la métaphore décrivant son essence,
Car aucune substance n'a jamais cet éclat ou cette lumière : on peut dire du feu mais aussi bien de l'eau.
Khizr avait de la source enfin fait découverte, une illumination apparut dans ses yeux…
Iskandar : fol.340v
Fol. 340v : Sarlowh, début de la seconde partie du poème, l'Iqbâl-nâmeh
Iskandar : fol. 341
Fol. 341
Iskandar : fol.367v
Fol. 367v
Iskandar : fol. 368
Fol. 368 : Iskandar à la Cité d'Or
Plus de détails sur la page Iskandar découvre la Cité d'Or
Un tapis déployé sur ce parc verdoyant, brillant de mille feux grâce aux gemmes épandues : on eût dit une lampe.
Deux statues d'or, en outre, étaient dressées debout, chacune de leur faces était faite d'un moule.
Et même un connaisseur en matières de statues, les ayant retardées, en eût été trompé si ce n'étais de l'or.
Un bassin fabriqué en un très fin cristal, comme un morceau de glace, sur de l'argent fondu,
Abritait des poissons, eux faits de pur onyx, et que l'on voyait mieux que vrais poissons dans l'onde.
Un grand château, bâti de briques de deux sortes – les unes étant d'or et les autres d'argent – ;
Iskandar y entra : il était carrelé avec des carreaux d'or. Il crut que c'était là palais du paradis...
Iskandar : fol.385
Fol. 385
Iskandar : fol.386
Fol. 386 : colophon final du manuscrit
Iskandar : page de garde
Iskandar : page de garde
Iskandar : page fin
Iskandar : page fin
Dans le monde islamique, Alexandre le Grand est un héros mythique connu sous le nom d'Iskandar. Sa légende, qui s'est répandue depuis la grande épopée iranienne du Livre des rois, trouve sa version musulmane la plus aboutie dans le fabuleux Livre d'Iskandar rédigé au XII° siècle par le poète persan Nezâmî, grand maître du roman en vers. Son poème comprend deux parties : Le "Livre de l'Honneur", consacré aux conquêtes d'Iskandar et à sa quête philosophique, suivi du "Livre de la Fortune", où le héros s'affirme comme un prophète qui annonce l'Islam. L'œuvre constitue un modèle pour les poètes des siècles suivants et donne lieu à un nombre considérable de copies, somptueusement enluminées à la demande de princes mécènes dans leurs ateliers-bibliothèques. Le manuscrit présenté ici, chef-d'oeuvre de la peinture persane du XVII° siècle, témoigne du goût de l'époque pour une peinture classique, alliant richesse de la palette de couleurs et simplicité de la composition. Une sélection de feuillets permet de suivre le conquérant sur la voie de la sagesse et de la prophétie.
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