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L’écriture arabe

Page de calligraphie persane en nasta’liq
Page de calligraphie persane en nasta’liq

© Bibliothèque nationale de France

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L’écriture arabe est une écriture sémitique, dérivée d’un alphabet araméen, née vers le 6e siècle ap. J.-C. S’écrivant de droite à gauche, elle est utilisée par de nombreuses langues en sus de l’arabe, bien que la plupart ne soient pas sémitiques.
Écriture arabe
Écriture arabe |

© Bibliothèque nationale de France

Les origines de l’écriture arabe

L’écriture arabe est la dernière-née des écritures sémitiques occidentales, qui dérivent toutes de l’alphabet inventé par les Phéniciens deux mille ans avant notre ère. Elle n’apparaît, en effet, qu’au 6e siècle dans une dédicace trilingue (grec-syriaque-arabe) datée de 512 et trouvée à Zabad, dans la région d’Alep. Sur les origines de cette écriture, les opinions des savants divergent.

Sauf-conduit
Sauf-conduit |

© Bibliothèque nationale de France

Les historiens arabes rapportent une tradition selon laquelle l’écriture arabe aurait été « inventée », à partir de l’écriture syriaque, par des membres de la tribu des Tayyi’, aux environs d’al-Anbar, dans le sud de l’Irak ; de là elle serait passée à al-Hira, puis à La Mecque à la fin du 6e siècle.

Les savants européens ont d’abord admis que l’écriture arabe avait pour origine une forme de l’écriture syriaque appelée estranghélo. Mais au début de ce siècle, après la découverte de l’inscription arabe d’al-Némara, écrite en caractères nabatéens et datée de 328, ces savants ont abandonné l’hypothèse d’une origine syriaque pour adopter celle de l’origine nabatéenne. La découverte, par la suite, d’inscriptions du 5e siècle rédigées dans une écriture de transition entre nabatéen et arabe a confirmé cette théorie.

L’alphabet arabe

L’arabe appartient au groupe des langues sémitiques, comme l’hébreu ou le syriaque. Il utilise un alphabet consonantique et s’écrit de droite à gauche.

L’alphabet arabe comporte 28 lettres : 25 consonnes et 3 voyelles. Mais en réalité, mais elle ne dispose que de 15 caractères. 9 d’entre eux servent en effet à noter plusieurs consonnes. Elles sont différenciées par des points simples, doublés ou triplés, placés sur ou sous la lettre.

Comme la plupart des écritures sémitiques, l’arabe ne note au moyen de lettres que les trois voyelles longues (â, î, û). Pour les voyelles brèves, après avoir utilisé des points, l’écriture a finalement emprunté au syriaque trois signes, placés au-dessus ou au-dessous des consonnes, pour les signaler. Ceux-ci restent cependant facultatifs, et apparaissent essentiellement dans les textes religieux ou dans les manuels scolaires.

On écrit de droite à gauche, et toutes les lettres, sauf cinq, se lient à la suivante. Il n’y a pas de distinction entre minuscules et majuscules.

Exemple d’écriture naskh
Exemple d’écriture naskh |

© Bibliothèque nationale de France

Les vingt-huit lettres de l’alphabet peuvent être rangées selon l’ordre traditionnel des vingt-deux lettres des alphabets sémitiques, avec leur même valeur numérique, suivies des six lettres propres à l’arabe : c’est l’abjad. Néanmoins, dans les dictionnaires actuels, on les trouve souvent disposées selon un ordre mnémotechnique dans lequel les lettres semblables sont groupées les unes à la suite des autres.

Diffusion de l’écriture arabe

Rendue obligatoire par l’administration omeyyade dès la fin du 7e siècle, l’écriture arabe connaît une extraordinaire diffusion au Proche-Orient et au Maghreb grâce à l’expansion géographique de l’islam et au développement de sa civilisation. Langue liturgique des populations nouvellement converties, l’arabe devient alors le principal instrument de communication de l’empire islamique naissant, ainsi que l’outil principal de transmission du savoir et de l’administration. L’écriture arabe s’impose pour des raisons culturelles : copie du Coran, production textuelle due à la constitution des sciences religieuses islamiques, puis traduction des textes scientifiques et philosophiques. L’écriture arabe assume très vite une triple fonction, à la fois religieuse, utilitaire et ornementale.

Cette expansion de la langue et de son alphabet explique que l’écriture arabe sert à noter de nombreuses langues, dont la plupart ne sont pas sémitiques (iraniennes, turques, indiennes, malaises et africaines). Pour noter les sons de ces langues qui n’existent pas en arabe, on utilise des points conférant au caractère arabe une nouvelle valeur phonétique.

Recueil de poésies turques
Recueil de poésies turques |

© Bibliothèque nationale de France

Album de calligraphies persanes
Album de calligraphies persanes |

© Bibliothèque nationale de France

Symbole visuel de l’islam, véhicule du message divin, reflet du monde de l’au-delà, insigne du pouvoir, écrin enfermant des mystères déchiffrables par les mystiques et les poètes, outil de la connaissance, l’écrit, et plus spécialement la calligraphie, est, dans le monde de l’islam plus que dans aucun autre, omniprésent et sacré.

Provenance

Cet article provient du site L'Aventure des écritures (2003).

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