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Anthologie

Les Mille et Une Nuits dans le texte

Une sélection d'extraits pour découvrir les Mille et Une Nuits (1704) : d'origine indo-persane, assimilés par la culture arabe, révélés à l'Occident par la traduction d'Antoine Galland, les contes des Mille et une Nuits comptent parmi les textes les plus universellement répandus. Qui ne connaît le nom de Shéhérazade, Ali Baba, Sindbad ou Aladin ?

Première nuit de Schéhérazade

Antoine Galland, Mille et Une Nuits, 1704
Scheherazade, en cet endroit, s’apercevant qu’il était jour...

Schéhérazade, en cet endroit, s’apercevant qu’il était jour, et sachant que le sultan se levait de grand matin pour faire sa prière et tenir son conseil, cessa de parler. « Bon Dieu ! ma sœur, dit alors Dinarzade, que votre conte est merveilleux ! » « La suite en est encore plus surprenante, répondit Schéhérazade, et vous en tomberiez d’accord, si le sultan voulait me laisser vivre encore aujourd’hui et me donner la permission de vous la raconter la nuit prochaine. » Schahriar, qui avait écouté Schéhérazade avec plaisir, dit en lui-même : « J’attendrai jusqu’à demain ; je la ferai toujours bien mourir quand j’aurai entendu la fin de son conte. » Ayant donc pris la résolution de ne pas faire ôter la vie à Schéhérazade ce jour-là, il se leva pour faire sa prière et aller au conseil.
 
Pendant ce temps-là le grand-vizir était dans une inquiétude cruelle. Au lieu de goûter la douceur du sommeil, il avait passé la nuit à soupirer et à plaindre le sort de sa fille, dont il devait être le bourreau. Mais si dans cette triste attente il craignait la vue du sultan, il fut agréablement surpris, lorsqu’il vit que ce prince entrait au conseil, sans lui donner l’ordre funeste qu’il en attendait.
 
Le sultan, selon sa coutume, passa la journée à régler les affaires de son empire ; et quand la nuit fut venue, il coucha encore avec Schéhérazade. Le lendemain avant que le jour parût, Dinarzade ne manqua pas de s’adresser à sa sœur, et de lui dire « Ma chère sœur, si vous ne dormez pas, je vous supplie, en attendant le jour qui paraîtra bientôt, de continuer le conte d’hier. » Le sultan n’attendit pas que Schéhérazade lui en demandât la permission. « Achevez, lui dit-il, le conte du génie et du marchand, je suis curieux d’en entendre la fin. » Schéhérazade prit alors la parole, et continua son conte dans ces termes :…

Antoine Galland, Mille et Une Nuits : Paris, Ledentu, 1832, pp. 53 et suiv.

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Histoire du dormeur éveillé

Antoine Galland, Mille et Une Nuits, 1704
Tout autre que Mesrour se fût peut-être déconcerté ...

Tout autre que Mesrour se fût peut-être déconcerté à la demande d’Abou Hassan ; mais instruit par le calife, il joua merveilleusement bien son personnage. « Mon respectable Seigneur et maître, s’écria-t-il, votre Majesté me parle ainsi aujourd’hui apparemment pour m’éprouver : votre Majesté n’est-elle pas le Commandeur des croyants, le monarque du monde, de l’orient à l’occident, et le vicaire sur la terre du prophète envoyé de Dieu maître de ce monde terrestre et du céleste ? Mesrour, votre chétif esclave, ne l’a pas oublié depuis tant d’années qu’il a l’honneur et le bonheur de rendre ses respects et ses services à votre Majesté. Il s’estimerait le plus malheureux des hommes, s’il avait encouru votre disgrâce : il vous supplie donc très humblement d’avoir la bonté de le rassurer ; il aime mieux croire qu’un songe fâcheux a troublé son repos cette nuit. »
 
Abou Hassan fit un si grand éclat de rire à ces paroles de Mesrour, qu’il se laissa aller à la renverse sur le chevet du lit, avec une grande joie du calife, qui en eût ri de même, s’il n’eût craint de mettre fin, dès son commencement, à la plaisante scène qu’il avait résolu de se donner.
 
Abou Hassan, après avoir ri longtemps en cette posture, se remit sur son séant ; et en s’adressant à un petit eunuque noir comme Mesrour : « Écoute, lui dit-il, dis-moi qui je suis ? » « Seigneur, répondit le petit eunuque d’un air modeste, votre Majesté est le Commandeur des croyants, et le vicaire en terre du maître des deux mondes. » « Tu es un petit menteur, face de couleur de poix, reprit Abou Hassan. »
 
Abou Hassan appela ensuite une des dames qui était plus près de lui que les autres. « Approchez-vous, la belle, dit-il en lui présentant la main, tenez, mordez-moi le bout du doigt, que je sente si je dors ou si je veille. »
 
La dame qui savait que le calife voyait tout ce qui se passait dans la chambre, fut ravie d’avoir occasion de faire voir de quoi elle était capable, quand il s’agissait de le divertir. Elle s’approcha donc d’Abou Hassan avec tout le sérieux possible ; et en serrant légèrement entre ses dents le bout du doigt qu’il lui avait avancé, elle lui fit sentir un peu de douleur.
 
En retirant la main promptement : « Je ne dors pas, dit aussitôt Abou Hassan, je ne dors pas certainement. Par quel miracle, suis-je donc devenu calife en une nuit ? Voilà la chose du monde la plus merveilleuse et la plus surprenante ! » En s’adressant ensuite à la même dame : « Ne me cachez pas la vérité, dit-il, je vous en conjure par la protection de Dieu, en qui vous avez confiance aussi bien que moi. Est-il bien vrai que je sois le Commandeur des croyants ? » « Il est si vrai, répondit la dame, que votre Majesté est le Commandeur des croyants, que nous avons sujet tous tant que nous sommes de vos esclaves, de nous étonner qu’elle veuille faire accroire qu’elle ne l’est pas. » « Vous êtes une menteuse, reprit Abou Hassan : je sais bien ce que je suis. »
 
Comme le chef des eunuques s’aperçut qu’Abou Hassan voulait se lever, il lui présenta la main, et l’aida à se mettre hors du lit. Dès qu’il fut sur ses pieds, toute la chambre retentit du salut que tous les officiers et toutes les dames lui firent en même temps par une acclamation en ces termes : « Commandeur des croyants, que Dieu donne le bon jour à votre Majesté ! »
 
« Ah ciel, quelle merveille, s’écria alors Abou Hassan ! J’étais hier au soir Abou Hassan, et ce matin je suis le Commandeur des croyants ! Je ne comprends rien à un changement si prompt et si surprenant ! »

Antoine Galland, Mille et Une Nuits : Paris, Ledentu, 1832, pp. 206 et suiv.

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Aladdin ou La Lampe Merveilleuse

Antoine Galland, Mille et Une Nuits, 1704
La princesse arriva enfin au nouveau palais, et ...

La princesse arriva enfin au nouveau palais, et Aladdin courut avec toute la joie imaginable à l’entrée de l’appartement qui lui était destiné, pour la recevoir. La mère d’Aladdin avait eu soin de faire distinguer son fils à la princesse, au milieu des officiers qui l’environnaient ; et la princesse, en l’apercevant, le trouva si bien fait qu’elle en fut charmée. « Adorable princesse, lui dit Aladdin en l’abordant et en la saluant très respectueusement, si j’avais le malheur de vous avoir déplu par la témérité que j’ai eue d’aspirer à la possession d’une si aimable princesse, fille de mon sultan, j’ose vous dire que ce serait à vos beaux yeux et à vos charmes que vous devriez vous en prendre, et non pas à moi. » « Prince, que je suis en droit de traiter ainsi à présent, lui répondit la princesse, j’obéis à la volonté du sultan mon père ; et il me suffit de vous avoir vu, pour vous dire que je lui obéis sans répugnance. »
 
Aladdin, charmé d’une réponse si agréable et si satisfaisante pour lui, ne laissa pas plus longtemps la princesse debout après le chemin qu’elle venait de faire, à quoi elle n’était point accoutumée ; il lui prit la main, qu’il baisa avec une grande démonstration de joie, et il la conduisit dans un grand salon éclairé d’une infinité de bougies, où, par les soins du génie, la table se trouva servie d’un superbe festin. Les plats étaient d’or massif, et remplis de viandes les plus délicieuses. Les vases, les bassins, les gobelets, dont le buffet était très bien garni, étaient aussi d’or et d’un travail exquis. Les autres ornements et tous les embellissements du salon répondaient parfaitement à cette grande richesse. La princesse, enchantée de voir tant de richesses rassemblées dans un même lieu, dit à Aladdin : « Prince, je croyais que rien au monde n’était plus beau que le palais du sultan mon père ; mais à voir ce seul salon, je m’aperçois que je m’étais trompée. » « Princesse, répondit Aladdin en la faisant mettre à table à la place qui lui était destinée, je reçois une si grande honnêteté, comme je le dois ; mais je sais ce que je dois croire. »
 
La princesse Badroulboudour, Aladdin et la mère d’Aladdin se mirent à table ; et aussitôt un chœur d’instruments les plus harmonieux, touchés et accompagnés de très belles voix de femmes toutes d’une grande beauté, commença un concert qui dura sans interruption jusqu’à la fin du repas. La princesse en fut si charmée, qu’elle dit qu’elle n’avait rien entendu de pareil dans le palais du sultan son père. Mais elle ne savait pas que ces musiciennes étaient des fées choisies par le génie, esclave de la lampe.
 
Quand le soupé fut achevé, et que l’on eut desservi en diligence, une troupe de danseurs et de danseuses succédèrent aux musiciennes. Ils dansèrent plusieurs sortes de danses figurées, selon la coutume du pays, et ils finirent par un danseur et une danseuse, qui dansèrent seuls avec une légèreté surprenante, et firent paraître chacun à leur tour toute la bonne grâce et l’adresse dont ils étaient capables. Il était près de minuit quand, selon la coutume de la Chine dans ce temps-là, Aladdin se leva et présenta la main à la princesse Badroulboudour pour danser ensemble, et terminer ainsi les cérémonies de leurs noces. Ils dansèrent d’un si bon air, qu’ils firent l’admiration de toute la compagnie. En achevant, Aladdin ne quitta pas la main de la princesse, et ils passèrent ensemble dans l’appartement où le lit nuptial était préparé. Les femmes de la princesse servirent à la déshabiller, et la mirent au lit, et les officiers d’Aladdin en firent autant, et chacun se retira. Ainsi furent terminées les cérémonies et les réjouissances des noces d’Aladdin et de la princesse Badroulboudour.

Antoine Galland, Mille et Une Nuits : Paris, Ledentu, 1832, pp. 157 et suiv.

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Ali-Baba et les quarante voleurs

Antoine Galland, Mille et Une Nuits, 1704
Comme Abdalla vit qu’Ali Baba voulait parler ...

Comme Abdalla vit qu’Ali Baba voulait parler, il cessa de toucher le tambour de basque.
 
« Entre, Morgiane, entre, dit Ali Baba : Cogia Houssain jugera de quoi tu es capable, et il nous dira ce qu’il en pensera. Au moins, Seigneur, dit-il à Cogia Houssain en se tournant de son côté, ne croyez pas que je me mette en dépense pour vous donner ce divertissement. Je le trouve chez moi, et vous voyez que ce sont mon esclave, et ma cuisinière et dépensière en même temps, qui me le donnent. J’espère que vous ne le trouverez pas désagréable. »
 
Cogia Houssain ne s’attendait pas qu’Ali Baba dût ajouter ce divertissement au soupé qu’il lui donnait. Cela lui fit craindre de ne pouvoir pas profiter de l’occasion qu’il croyait avoir trouvée. Au cas que cela arrivât, il se consola par l’espérance de la retrouver en continuant de ménager l’amitié du père et du fils. Ainsi, quoiqu’il eût mieux aimé qu’Ali Baba eût bien voulu ne le lui pas donner, il fit semblant néanmoins de lui en avoir obligation, et il eut la complaisance de lui témoigner que ce qui lui faisait plaisir ne pourrait pas manquer de lui en faire aussi.
 
Quand Abdalla vit qu’Ali Baba et Cogia Houssain avaient cessé de parler, il recommença à toucher son tambour de basque et l’accompagna de sa voix sur un air à danser ; et Morgiane qui ne le cédait à aucune danseuse de profession, dansa d’une manière à se faire admirer, même de toute autre compagnie que celle à laquelle elle donnait ce spectacle, dont il n’y avait peut-être que le faux Cogia Houssain qui y donnât peu d’attention.
 
Après avoir dansé plusieurs danses avec le même agrément et de la même force, elle tira enfin le poignard ; et en le tenant à la main elle en dansa une dans laquelle elle se surpassa par les figures différentes, par les mouvemens légers, par les sauts surprenants, et par les efforts merveilleux dont elle les accompagna, tantôt en présentant le poignard en avant, comme pour frapper, tantôt en faisant semblant de s’en frapper elle-même dans le sein.
 
Comme hors d’haleine enfin, elle arracha le tambour de basque des mains d’Abdalla, de la main gauche, et en tenant le poignard de la droite, elle alla présenter le tambour de basque par le creux à Ali Baba, à l’imitation des danseurs et danseuses de profession, qui en usent ainsi pour solliciter la libéralité de leurs spectateurs.
 
Ali Baba jeta une pièce d’or dans le tambour de basque de Morgiane. Morgiane s’adressa ensuite au fils d’Ali Baba, qui suivit l’exemple de son père. Cogia Houssain qui vit qu’elle allait venir aussi à lui, avait déjà tiré la bourse de son sein pour lui faire son présent, et il y mettait la main, dans le moment que Morgiane, avec un courage digne de la fermeté et de la résolution qu’elle avait montrées jusqu’alors, lui enfonça le poignard au milieu du cœur, si avant qu’elle ne le retira qu’après lui avoir ôté la vie.
 
Ali Baba et son fils épouvantés de cette action, poussèrent un grand cri : « Ah, malheureuse, s’écria Ali Baba, qu’as-tu fait ? Est-ce pour nous perdre, moi et ma famille ? »

« Ce n’est pas vous perdre, répondit Morgiane : je l’ai fait pour votre conservation. »

Antoine Galland, Mille et Une Nuits : Paris, Ledentu, 1832, pp. 43 et suiv.

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Le cheval enchanté

Antoine Galland, Mille et Une Nuits, 1704
Dans une de ces fêtes, après que ...

Dans une de ces fêtes, après que les plus habiles et les plus ingénieux du pays, avec les étrangers qui s’étaient rendus à Schiraz, où la cour était alors, eurent donné au roi et à toute sa cour le divertissement de leurs spectacles, et que le roi leur eut fait ses largesses, à chacun selon ce qu’il avait mérité, et ce qu’il avait fait paraître de plus extraordinaire, de plus merveilleux et de plus satisfaisant, ménagées avec une égalité qu’il n’y en avait pas un qui ne s’estimât dignement récompensé. Dans le temps qu’il se préparait à se retirer et à congédier la grande assemblée, un Indien parut au pied de son trône, en faisant avancer un cheval sellé, bridé, et richement harnaché, représenté avec tant d’art, qu’à le voir on l’eût pris d’abord pour un véritable cheval.
 
L’Indien se prosterna devant le trône ; et quand il se fut relevé, en montrant le cheval au roi :
 
« Sire, dit-il, quoique je me présente le dernier devant votre Majesté pour entrer en lice, je puis l’assurer néanmoins que dans ce jour de fête elle n’a rien vu d’aussi merveilleux et d’aussi surprenant que le cheval sur lequel je la supplie de jeter les yeux. »
 
« Je ne vois dans ce cheval, lui dit le roi, autre chose que l’art et l’industrie de l’ouvrier à lui donner la ressemblance du naturel, qui lui a été possible. Mais un autre ouvrier pourrait en faire un semblable, qui le surpasserait même en perfection. »
 
« Sire, reprit l’Indien, ce n’est pas aussi par sa construction, ni par ce qu’il parait à l’extérieur, que j’ai dessein de faire regarder mon cheval par votre Majesté comme une merveille ; c’est par l’usage que j’en sais faire, et que tout homme comme moi peut en faire, par le secret que je puis lui communiquer. Quand je le monte, en quelqu’endroit de la terre, si éloigné qu’il puisse être, que je veuille me transporter par la région de l’air, je puis l’exécuter en très peu de temps. En peu de mots, Sire, voilà en quoi consiste la merveille de mon cheval : merveille dont personne n’a jamais entendu parler, et dont je m’offre de faire voir l’expérience à votre Majesté, si elle me le commande ! »
 
Le roi de Perse qui était curieux de tout ce qui tenait du merveilleux, et qui après tant de choses de cette nature qu’il avait vues, et qu’il avait cherché et désiré de voir, n’avait rien vu qui en approchât, ni entendu dire qu’on eût vu rien de semblable, dit à l’Indien qu’il n’y avait que l’expérience qu’il venait de lui proposer qui pouvait le convaincre de la prééminence de son cheval, et qu’il était prêt à en voir la vérité.
 
L’Indien mit aussitôt le pied dans l’étrier, se jeta sur le cheval avec une grande légèreté ; et quand il eut mis le pied dans l’autre étrier, et qu’il se fut bien assuré sur la selle, il demanda au roi de Perse où il lui plaisait de l’envoyer.
 
Environ à trois lieues de Schiraz il y avait une haute montagne qu’on découvrait à plein de la grande place où le roi de Perse était devant son palais, remplie de tout le peuple qui s’y était rendu. « Vois-tu cette montagne, dit le roi en la montrant à l’Indien, c’est où je souhaite que tu ailles : la distance n’est pas longue ; mais elle suffit pour faire juger de la diligence que tu feras pour aller et pour revenir. Et parce qu’il n’est pas possible de te conduire des yeux jusque-là, pour marque certaine que tu y seras allé, j’entends que tu m’apportes une palme d’un palmier qui est au pied de la montagne. »
 
À peine le roi de Perse eut achevé de déclarer sa volonté par ces paroles, que l’Indien ne fit que tourner une cheville, qui s’élevait un peu au défaut du cou du cheval, en approchant du pommeau de la selle. Dans l’instant le cheval s’éleva de terre, et enleva le cavalier en l’air comme un éclair, si haut qu’en peu de moments ceux qui avaient les yeux les plus perçants, le perdirent de vue ; et cela se fit avec une grande admiration du roi et de ses courtisans, et de grands cris d’étonnement de la part de tous les spectateurs assemblés.

Antoine Galland, Mille et Une Nuits : Paris, Ledentu, 1832, pp. 81 et suiv.

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