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Discours sur l'origine de l'inégalité

Jean-Jacques Rousseau
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes
Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes

Bibliothèque nationale de France

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En 1753, cette réponse à un concours de l’académie de Dijon, « Quelle est l'origine de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la Loi naturelle ? », bouleverse le paysage de la philosophie politique du 18e siècle. Rousseau affirme que c’est la société, fondée sur la propriété, qui est la cause de l’inégalité et de la corruption des hommes.

Une vision historique

Le Discours sur l’origine de l’inégalité raconte l'émergence de l'humanité. Au départ, un « état de nature » : les êtres humains n'ont pas conscience les uns des autres et ne connaissent ni le bien et ni le mal. Ils se distinguent des animaux par leur liberté : « La Nature commande à tout animal et la Bête obéit. L'homme éprouve la même impression, mais il se reconnaît libre d'acquiescer ou de résister. »

La différence entre l'homme et l'animal

Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité, 1754
Je ne vois dans tout animal qu'une machine ingénieuse, à qui la nature a donné des sens pour se remonter...
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Vient alors une première étape, l'entrée dans l'état de société : « Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même. » De là découlent, inextricablement liées, les plus grandes qualités et les plus grandes tares de l'humanité, ses progrès et sa dépravation : le besoin de paraître, le plaisir de dominer et « le noir penchant à se nuire mutuellement ». Une autre étape fondamentale est le cri, fameux, qui est à l’origine de l’inégalité : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile », c'est-à-dire organisée et divisée entre riches et pauvres, le dernier degré de l’inégalité étant la servitude.

La propriété à l'origine de l'inégalité

Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité, 1754
Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire : ceci est à moi, et trouva des gens assez...
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Une révolution philosophique

Pour la première fois, Rousseau présente donc sa vision complète de l'homme et du monde, avec cette idée forte : c'est la société, fondée sur la propriété, qui est la cause de l’inégalité et de la corruption des hommes. Il montre que l'homme est son propre fossoyeur, que la propriété et l'appât du gain l'éloigne de sa vraie nature et que, faute de revenir à l'innocence primitive, il ira à sa perte et préparera son malheur. Toute son œuvre postérieure de Rousseau sera une tentative pour défendre cette thèse (Le Contrat social, 1762) ou trouver un remède à la corruption par la société (L’Émile, 1762).

Avec ce texte, Rousseau bouleverse le paysage de la philosophie politique de son siècle et soulève des controverses parmi les philosophes, notamment de la part de Voltaire qui lui répondit : « On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre Bêtes. Il prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. »

Provenance

Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2015).

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