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Extrait

Pecus/Pecunia : l’animal-richesse chez Varron
 

Varron, De l'Agriculture, II, 1, 13
 
Dans cet extrait, Varron revient sur les origines agricoles du peuple romain.
Les phrases indiquées en gras se prêtent particulièrement à l'analyse avec des élèves.

Romanorum uero populum a pastoribus esse ortum quis non dicit ? Quis Faustulum nescit pastorem fuisse nutricium, qui Romulum et Remum educauit ? Non ipsos quoque fuisse pastores obtinebit, quod Parilibus potissimum condidere urbem ? Non idem, quod multa etiam nunc ex uetere instituto bubus et ouibus dicitur, et quod aes antiquissimum quod est flatum pecore est notatum, et quod, urbs cum condita est, tauro et uacca qua essent muri et portae definitum, et quod, populus Romanus cum lustratur suouitaurilibus, circumaguntur uerres aries taurus […] Igitur, […] est scientia pecoris parandi ac pascendi, ut fructus quam possint maximi capiantur ex eo, a quibus ipsa pecunia nominata est; nam omnis pecuniae pecus fundamentum.

Qui oserait nier que le peuple romain n’ait eu des pâtres pour ancêtres ? Qui ne sait que Faustulus, père nourricier de Romulus et Remus, et l’instructeur de leur jeunesse, était un simple pâtre ? N’étaient-ils pas des pâtres eux-mêmes ces fondateurs de notre ville, comme le prouve leur choix pour la fonder, du jour même des Parilia ? Ne dit-on pas encore aujourd’hui, suivant l’ancienne coutume, tant de bœufs, tant de brebis, pour exprimer la valeur de certaines choses ? Notre plus ancienne monnaie n’a-t-elle pas une figure de bétail pour effigie ? Et n’était-ce pas avec une charrue attelée d’un bœuf et d’une vache qu’autrefois on traçait l’enceinte d’une ville, et qu’on marquait l’emplacement de ses portes ? Enfin les suovitaurilia, c’est-à-dire les victimes solennelles que l’on promène autour du peuple romain pour le purifier, qu’est-ce autre chose qu’un verrat, un bélier, et un taureau ? [...] Cette science consiste à se procurer du bétail et à le nourrir, afin de tirer le plus d’argent possible de la chose même d’où vient le mot argent. Car pecunia (argent monnayé) est dérivé de pecus, le bétail étant regardé comme la base de toute richesse.

M. Nisard (dir.), Les Agronomes latins, Caton, Varron, Columelle, Palladius, Paris : Firmin Didot, 1864, p. 103.
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