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Extrait

Correspondance de Louise de Vilmorin avec René Clair

Essai sur Louise de Vilmorin, Pierre Segherqs
Louise de Vilmorin (1902-1969) rencontre grâce à l’auteur de théâtre Jean-Pierre Grédy (1920-2022), René Clair. L’écrivain devient rapidement un ami fidèle avec qui elle correspond régulièrement. Louise accumule les dettes et se voit dans l’obligation de vendre ses bijoux. Après avoir quémandé de l’argent à ses frères, elle se tourne vers René Clair. Dans cette lettre du 30 septembre 1953, elle explique à son ami les complications qu’elle a au sujet d’une broche dont elle n’est pas propriétaire.
 

René, 

L’immédiat est le plus triste, le plus exigeant, le plus cruel des maîtres. Je me suis mise dans un mauvais cas dont tu peux seul me tirer. Je suis ennoyée, je suis très ennuyée. J’ai mis au mont-de-piété une broche que ma belle-sœur Edith m’a confiée. J’avais une note urgente à payer, j’avais de l’argent à recevoir, je me suis dit que tout irait bien, mais Edith me réclame sa broche et je n’ai même pas de quoi payer l’intérêt des 50. 000 francs que j’ai reçus de ce bijou (50% de sa valeur) qui sera vendu demain. Ne pense pas à moi. Pense à elle, à sa confiance en moi ; souvenir ! bijou de famille ! C’est affreux, René, l’argent me ruine ! On ne sait, dans la vie, ni où l’on est, ni où l’on va, mais je sais que tu me comprends et c’est là l’essentiel. Tu vois que je pense toujours à toi très affectueusement.

Louise. 

Réponse : Tu me l’as déjà fait. Trouve autre chose ! Ci-joint tes 50.000 francs.


Extrait de la correspondance de Louise de Vilmorin à René Clair dans André de Vilmorin « Louise de Vilmorin à un ami sincère (René Clair) 30 septembre 1953 », Essai sur Louise de Vilmorin, Paris, Pierre Segherqs Éditions, 1962
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