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Extrait

Races supérieures et races inférieures

Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris, compte-rendu de la séance du 17 novembre 1881

Lors de la séance du 17 novembre 1881 de la Société d’anthropologie de Paris, au cours de la discussion qui suit la présentation de Léonce Manouvrier sur les Fuégiens du Jardin d’Acclimatation, Arthur Bordier et Paul Topinard tentent de définir les caractères physiques et intellectuels des races « supérieures » et « inférieures ».

M. BORDIER. Ce qui fait la supériorité ou l’infériorité d’un peuple, ce n’est pas la longueur ou la brièveté de son humérus, c’est l’état de ses facultés intellectuelles. Ce qui caractérise notamment les peuples inférieurs, c’est l’absence de sentiment de curiosité.

Les Nubiens et les Zoulous connaissaient ce sentiment. Ils étaient curieux comme des enfants, comme des enfants intelligents. Les Fuégiens, au contraire, passaient avec indifférence au milieu de notre civilisation. M. Topinard le a observés avec attention, mais soyez sûrs qu’ils n’ont pas observé M. Topinard. Si nouveau que notre monde fût pour eux, ils ne paraissaient ni frappés, ni surpris, ni intéressés par ce qui passait sous leurs yeux. La curiosité est la condition sine qua non de tout progrès.

M. TOPINARD. Je ne crois pas plus que M. Bordier aux races supérieures et inférieures d’une façon absolue. Cependant, nous nous entendons parfaitement lorsque nous nous servons de ces expressions. Elles sont employées à deux points de vue.

Il y a des races incontestablement plus intelligentes, plus civilisées que d’autres ; nous les disons supérieures. Par opposition il y en a, à l’autre extrémité de l’échelle, qui sont inférieures. Entre elles, si l’on en met en parallèle deux, il y en aura toujours une qui sera inférieure par rapport à l’autre.

Au point de vue physique, la même gradation s’observe. Les plus inférieures sont celles qui, par l’ensemble de leurs caractères : le volume du cerveau, les proportions du corps, le prognathisme, l’angle facial, l’inclinaison du trou occipital, je ne dis pas par un seul caractère, sont plus rapprochées des animaux et en particulier des singes. Les plus supérieures, au contraire, sont celles qui s’en éloignent. C’est ainsi que les races européennes sont, avec raison, considérées comme supérieures par rapport aux races nègres, et à un moindre degré, par rapport aux races jaunes.

Bulletin de la Société d'anthropologie de Paris, compte-rendu de la séance du 17 novembre 1881, Paris : Masson, 1881, p. 787-788.
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