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Focus

Les scribes mésopotamiens

Les anciens habitants de la Mésopotamie avaient une idée très élevée de leur écriture. Les scribes ont laissé des essais sur leur formation qui sont devenus des textes classiques maintes fois recopiés dans l’école, la « Maison des tablettes », pour expliquer que « de tous les métiers humains dont le dieu Enlil a nommé les noms, il n’a nommé le nom d’aucun métier plus difficile que l’art du scribe », qui exigeait de longues années d’apprentissage.

Le sumérien supplanté par l’akkadien

Les nombreuses petites tablettes scolaires d’élèves débutants qui nous sont parvenues, mal formées et raturées, témoignent de façon touchante de la complexité de l’écriture cunéiforme.

Tablette littéraire sumérienne relative à l’éducation des scribes
Tablette littéraire sumérienne relative à l’éducation des scribes |

Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux


Sur une tablette d’argile évoquant son éducation de prince royal, le roi d’Assyrie Assurbanipal (668-627 av. J.-C.) proclame avec fierté :

Le dieu Nabû, le scribe de l’univers, m’a fait présent de sa sagesse (...) ; j’ai acquis les connaissances que le sage Adapa a apportées aux hommes, les trésors cachés du savoir des scribes ; j’ai été initié aux (livres de) présages du ciel et de la terre, j’ai étudié la série hépatoscopique (divination par l’examen du foie) et je peux argumenter avec les plus éminents maîtres de la lécanomancie (divination par l’huile) ; j’ai résolu les divisions et les multiplications compliquées qui défient l’entendement ; j’ai lu l’ingénieux sumérien et l’obscur akkadien, difficile à maîtriser, et je sais déchiffrer les pierres inscrites d’avant le Déluge, qui sont hermétiques, sombres et embrouillées.



Le souverain affirme ainsi la difficulté, le caractère initiatique et la très haute antiquité de l’écriture cunéiforme, dont il fait remonter l’apparition aux temps mythiques des débuts de l’humanité.