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Focus

La carte dite de « Christophe Colomb »

Carte dite de Christophe Colomb
Carte dite de Christophe Colomb

© Bibliothèque nationale de France

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La seule carte marine que l'on puisse attribuer à Colomb traduit bien la dualité du personnage, aussi pleinement engagé dans la réalité concrète des découvertes qu'imprégné de la lecture des auteurs anciens, et nourri de mythes et de légendes.

Malgré leur activité connue de cartographes, les frères Colomb ne nous ont transmis de façon incontestable aucune de leurs œuvres. La raison de ces disparitions est peut-être à chercher dans la fragilité du matériau utilisé, le papier, si l'on en croit une allusion de Colomb, ou dans les nombreux voyages et déménagements des deux frères, ou enfin dans l'exigence de secret qui entoura vite leur activité. La carte portulan dite "de Christophe Colomb" est peut-être le seul témoignage de leur art. Elle fut considérée d'un œil neuf par Charles de la Roncière en 1924 lorsqu'il constata une grande analogie entre les légendes latines qu'elle comporte et les notes apposées en marges des ouvrages personnels de Colomb.

Cette carte est divisée en deux parties distinctes. À droite, une carte moderne qui expose des données réelles, notamment les découvertes portugaises le long de la côte africaine, jusqu'au Congo, découvert en 1484. À gauche une petite mappemonde, inscrite dans neuf cercles ou « sphères », qui sont un élément supplémentaire plaidant en faveur de l'attribution de la carte au grand navigateur. Colomb écrivit en effet que certaines de ses cartes comportaient une sphère, détail tout à fait inhabituel dont on ne connaît pas d'autre exemple. Cette mappemonde, qui montre l'Afrique contournée jusqu'au cap de Bonne-Espérance, est par ailleurs fondée sur les tracés de Ptolémée. En outre, elle représente une île importante, au large de la Chine, le paradis terrestre. Lors de son troisième voyage, Colomb croira avoir retrouvé cette terre enchanteresse alors qu'il explorait le golfe de Paria, au nord-est du Vénézuela actuel. Sa conviction naîtra des flots de l'Orénoque dans lesquels il reconnaîtra la source des fontaines du Paradis, d'où coulent, selon la tradition des Anciens, les quatre fleuves sacrés : l'Euphrate, le Tigre, le Gange et le Nil. Il décrira avec complaisance cette nature particulièrement riche et aimable et ses habitants, doux et accueillants, parce que proches de la vie originelle.