Wolfram von Eschenbach

On recense actuellement 85 manuscrits du Parzival de Wolfram von Eschenbach, parmi lesquels 16 nous livrent une version complète de cette œuvre de 24 810 vers composée entre 1200 et 1210. Il s’agit par conséquent de l’épopée courtoise la plus ample de tout le Moyen Âge allemand.

Wolfram s’est inspiré du Perceval de Chrétien de Troyes, que ce dernier avait composé à peine deux décennies plus tôt. Parzival, qui a grandi sans connaître son ascendance royale ni recevoir une éducation chevaleresque, se laisse enfermer à son insu dans le péché et, lorsqu’il voit passer le cortège du Graal, laisse passer l’occasion de poser au roi Amfortas la question qui l’aurait libéré de sa faute. Son admission à la Table ronde marque le sommet de son parcours chevaleresque, mais ce ne sera qu’après avoir reconnu ses péchés, vécu une conversion intérieure et ainsi surmonté son épreuve qu’il pourra suivre sa propre destinée : devenir le nouveau roi du Graal. Le succès du Parzival et des autres textes du cycle arthurien fut surtout favorisé par le développement des cours princières isolées, où se trouvait un public cultivé formé de petits nobles et forcément réceptif à cette mise en scène littéraire de lui-même. La chevalerie confortait ainsi sa position dans la société. Un nouveau système fondé sur les vertus chevaleresques, qui se reflétait dans la littérature courtoise et dont l’épopée arthurienne était en mesure de fonder l’identité, voyait le jour.