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La poupée de cire

Les Malheurs de Sophie
La poupée de cire
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« SOPHIE. Je veux réchauffer ma poupée, maman ; elle a très froid.
LA MAMAN. Prends garde, tu vas la faire fondre.
SOPHIE. Oh ! non, maman, il n’y a pas de danger ; elle est dure comme du bois.
LA MAMAN. Mais la chaleur la rendra molle ; il lui arrivera quelque malheur, je t’en préviens.
Sophie ne voulut pas croire sa maman, elle mit la poupée étendue tout de son long au soleil, qui était brûlant. Au même instant, elle entendit le bruit d’une voiture : c’étaient ses amies qui arrivaient. Elle courut au-devant d’elles ; Paul les avait attendues sur le perron ; elles entrèrent au salon en courant et parlant toutes à la fois. Malgré leur impatience de voir la poupée, elles commencèrent par dire bonjour à Mme de Réan, maman de Sophie ; elles allèrent ensuite à Sophie, qui tenait sa poupée et la regardait d’un air consterné.
MADELEINE, regardant la poupée. La poupée est aveugle, elle n’a pas d’yeux.
CAMILLE. Quel dommage ! comme elle est jolie !
MADELEINE. Mais comment est-elle devenue aveugle ! Elle devait avoir des yeux.
Sophie ne disait rien ; elle regardait la poupée et pleurait.
MADAME DE RÉAN. Je t’avais dit, Sophie, qu’il arriverait un malheur à ta poupée si tu t’obstinais à la mettre au soleil. Heureusement que la figure et les bras n’ont pas eu le temps de fondre. Voyons, ne pleure pas ; je suis très habile médecin, je pourrai peut-être lui rendre ses yeux. »

La comtesse de Ségur, Les Malheurs de Sophie, chapitre I.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1880
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Sophie de Ségur (1799-1874), autrice ; Horace Castelli (1825-1889), graveur
  • Provenance

    Ville de Paris / Fonds Heure joyeuse, 2013-437909

    Sophie de Ségur, Les Malheurs de Sophie, Paris : Hachette, 1880, p. 9.

  • Lien permanent
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