Découvrir, comprendre, créer, partager

Image

L'ombre de Marguerite apparaissant à Faust

Illustrations du Faust de Gœthe par Eugène Delacroix
L'ombre de Marguerite apparaissant à Faust
Le format de l'image est incompatible

Faust et Méphisto sont arrivés au sabbat, assemblée des forces infernales où grouillent reptiles, batraciens et créatures grimaçantes. L' ombre de Marguerite apparaît à Faust. D'une blancheur de spectre, les seins dénudés, elle est décapitée, comme l'indique le filet de sang à la base de son cou. Faust apprend ainsi la fin prochaine de son amante. L'artiste joue sur les contrastes de lumières pour rendre la scène plus effroyable et fantastique, mais garde une tonalité générale très sombre qui accentue son aspect dramatique.

Texte de Goethe traduit par Gérard de Nerval

Faust : Que vois-je là ?
Méphistophélès : Quoi ?
Faust : Méphisto, vois-tu une fille pâle et belle qui demeure seule dans l'éloignement ? Elle se retire languissamment de ce lieu, et semble marcher les fers aux pieds. Je crois m'apercevoir qu'elle ressemble à la bonne Marguerite.
Méphistophélès : Laisse cela ! personne ne s'en trouve bien. C'est une figure magique, sans vie, une idole. Il n'est pas bon de la rencontrer : son regard fixe engourdit le sang de l'homme et le change presque en pierre. As-tu déjà entendu parler de la Méduse ?
Faust : Ce sont vraiment les yeux d'un mort, qu'une main chérie n'a point fermés. C'est bien là le sein que Marguerite m'abandonna, c'est bien le corps si doux que je possédai !
Méphistophélès : C'est de la magie, pauvre foi, car chacun croit y retrouver celle qu'il aime.
Faust : Quelles délices ! ... et quelles souffrances ! Je ne puis m'arracher à ce regard. Qu'il est singulier, cet nique ruban rouge qui semble parer ce beau cou. pas plus large que le dos d'un couteau.
Méphistophélès : Fort bien ! Je le vois aussi ; elle peut bien porter sa tête sous son bras ; car Persée la lui a coupée. –Toujours cette chimère dans l'esprit ! Viens donc sur cette colline ; elle est aussi gaie que le Prater. Eh ! je ne me trompe pas, c'est un théâtre que je vois. Qu'est-ce qu'on y donne donc ?
Servibilis : On va recommencer un nouvelles pièce ; la dernière des sept. C'est l'usage ici d'en donner autant. C'est un dilettante qui l'a écrite, et ce sont des dilettantes qui la jouent. Pardonnez-moi, messieurs, si je disparais, mais j'aime à lever le rideau.
Méphistophélès : Si je vous rencontre sur le Blocksberg, je le trouve tout simple ; car c'est bien à vous qu'il appartient d'y être.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1827
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Eugène Delacroix (1789-1863), lithographe
  • Description technique
    Lithographie, 30,4 x 46,1 cm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la photographie, DC-183 (A,3)-FOL

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmwjddh9sncd7