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Deux oiseaux sur une branche, dont l'un tient un insecte dans le bec

Estampes de la série dite de Kaempfer
Deux oiseaux sur une branche, dont l'un tient un insecte dans le bec
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Ces estampes montrent la maîtrise artistique atteinte dans le Sud de la Chine vers la fin du 17e siècle pour des impressions qui ne se limitent plus à quelques couleurs mais déclinent une gamme subtile de coloris délicats d'une très grande finesse. Ces xylographies étaient sans doute assez ordinaires si l'on en croit la note accompagnant l'envoi de plusieurs planches par un jésuite du 18e siècle. Elles devaient être destinées à un public moyennement cultivé auquel appartenait la très prospère classe marchande des provinces méridionales. Ces œuvres étaient destinées au marché intérieur mais aussi à l'exportation. Les clients chinois les achetaient, quant à eux, comme cartes de vœux pour des occasions particulières, et leur contenu allusif assez hermétique n'est pas aisé à déchiffrer aujourd'hui. Elles servaient à congratuler les fonctionnaires pour leur réussite aux examens ou leurs promotions, à souhaiter un bonheur plein d'harmonie ou, plus particulièrement, à féliciter les parents pour la naissance d'un garçon ou un vieillard pour sa longévité. Les estampes montrent des fleurs en bouquets ou des branches fleuries et des fruits, des insectes et des oiseaux, ainsi que des objets de lettré. Les planches étaient accompagnées de quelques vers chargés, comme les images, d'allusions sans doute évidentes auprès de la population cultivée de la fin du 16e siècle, mais qu'il semble difficile de restituer avec toute l'exactitude souhaitée.

L'estampe Chrysanthèmes et papillons montrant un couple de papillons voletant près des branches de chrysanthèmes serait conçue, d'après le poème, pour souhaiter à un fonctionnaire à la retraite de pouvoir enfin se consacrer à des occupations en rapport avec ses aspirations : « Maintenant je n'ai plus besoin de désirer ardemment / Celles dont se charmait Tao Qian, / Car dans ma haie orientale, elles bravent, solitaires, le / Vent d'automne. » Ces estampes ont leur place dans ce panorama de l'art du trait et de l'écriture puisque, tant par l'iconographie que par la poésie, elles constituent un langage métaphorique, formant des rébus et jouant avec les homophones. Bien que dans un tout autre registre, on pourrait la rapprocher de l'écriture talismanique destinée, non à protéger, mais à signaler ou susciter des événements fastes. Ces planches de circonstance, achetées et offertes ponctuellement, n'étaient pas conservées puisqu'elles n'entraient dans aucune des catégories traditionnelles des collectionneurs et bibliophiles et semblent avoir totalement disparu de Chine.

© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Dynastie des Qing, vers 1680-1690
  • Lieu
    Chine
  • Description technique
    Impressions polychromes sur feuilles mobiles, 27 x 36,5 cm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE DF-1 BOITE ECU, C. 8695

  • Lien permanent
    ark:/12148/mmsq93s4xmb1r