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La dernière édition du Lancelot en prose

Histoire, contenant les grandes prouesses, vaillances, et heroiques faicts d’armes de Lancelot du Lac, chevalier de la Table ronde
La dernière édition du Lancelot en prose
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Cette modeste édition du Lancelot en prose est la dernière publiée en France et n’est en fait qu’un abrégé drastique de ce qui fut le plus vaste roman du Moyen Âge : il n’en reste qu’une succession de « briefs sommaires donnans au plus pres l’intelligence du tout », de phrases lapidaires retraçant uniquement l’action, fidèlement mais sans dialogues ni descriptions.

L’imprimeur lyonnais Benoît Rigaud s’était fait une spécialité des romans de chevalerie, alors passés de mode dans les milieux aisés qui en avaient longtemps affectionné les grandes éditions in-folio ou in-quarto. Contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, il n’insiste pas, dans le prologue, sur la valeur éducative du roman, mais le présente comme un simple délassement, « afin qu’au milieu de tant et tant de traverses, desquelles tu es agité journellement, la lecture d’icelle puisse apporter joye et consolation a ta tristesse, et allegement a tes adversitez ». Il est possible que Rigaud ait considéré cet abrégé comme un « ballon d’essai », testant l’intérêt du public avant de se lancer dans la publication des milliers de pages du vrai Lancelot. L’année précédente, il avait déjà donné en apéritif une Devise des armes des chevaliers de la Table ronde. Et il n’avait pas procédé différemment en lançant, avant sa grande édition des Amadis (1575-1578), un Thresor des livres d’Amadis. Mais la matière de Bretagne était sans doute vraiment démodée — ou Rigaud changea-t-il de projet ? Quoi qu’il en soit, l’affaire en resta là.

Cette édition préfigure en tout cas la formule éditoriale de la « Bibliothèque bleue », qui allait bientôt être systématisée par Nicolas Oudot, à Troyes. Bizarrement, si l’on excepte une édition d’Artus de Bretagne, les éditeurs troyens ignorèrent la matière arthurienne et ne publièrent que des versions abrégées des chansons de geste du cycle de Charlemagne, dans leurs mises en prose du 15e siècle. Certaines continuèrent d’ailleurs d’être éditées jusqu’au 19e siècle. L’absence de la matière de Bretagne dans la littérature de colportage explique en grande partie l’oubli dans lequel Arthur tomba pendant plusieurs siècles.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1591
  • Lieu
    Lyon
  • Description technique
    Livre imprimé In-8o
     
  • Provenance

    BnF, Réserve des livres rares, RES-Y2-1303
    Histoire, contenant les grandes prouesses, vaillances, et heroiques faicts d’armes de Lancelot du Lac, chevalier de la Table ronde, Lyon : Benoît Rigaud, 1591, p. 50.
    Entré à la Bibliothèque royale entre 1724 et 1735.

  • Lien permanent
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