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Techniques et procédés de la caricature

Carnaval et Carême
Carnaval et Carême

© Bibliothèque nationale de France

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Le caricaturiste a à sa disposition un grand nombre de procédés : déformations, exagérations, associations, allégories, textes… Des techniques qui traversent les siècles, en constant renouvellement.

« Les grotesques sont une catégorie de peinture libre et cocasse inventée dans l’Antiquité pour orner des surfaces murales où seules des formes en suspension dans l’air pouvaient trouver place. Les artistes y représentaient des difformités monstrueuses créées du caprice de la nature ou de la fantaisie extravagante d’artiste : ils inventaient ces formes en dehors de toute règle, suspendaient à un fil très fin un poids qu’il ne pouvait supporter, transformaient les pattes d’un cheval en feuillage, les jambes d’un homme en pattes de grue et peignaient ainsi une foule d’espiègleries et d’extravagances. Celui qui avait l’imagination la plus folle passait pour le plus doué. » 1

À la fin du 15e siècle, la redécouverte de décors antiques dans les sous-sols de la Domus Aurea, palais de l’empereur Néron à Rome enfoui sous les thermes de Trajan et confondu avec des grottes, va permettre la renaissance d’un art appelé « grottesque » puis grotesque le chargeant ainsi du sens de comique, ridicule. Une de ses caractéristiques principales est selon André Chastel, le jeu et la combinaison de formes hybrides mi-végétales, mi-animales ou mi-humaines qui surgissent dans un foisonnement vivant.

Le peintre milanais Giuseppe Arcimboldo (1526-1593), qui a feuilleté dans sa jeunesse les carnets de croquis où Léonard de Vinci dessinait des êtres fantastiques mêlant homme, faune et flore, a créé des œuvres étranges, capricci, ou ghiribizzi (jeux caricaturaux), inventions fantastiques de têtes anthropomorphes composées à partir de plantes, fruits, animaux et autres éléments. Elles représentaient à la fois des saisons et des éléments et aussi des personnalités ou des membres de la cour des Habsbourg, où il a servi de 1562 à 1587.

Si Vinci pouvait aller jusqu’à représenter un visage humain formé de phallus (la testa de cazzi), Arcimboldo utilise l’abondance d’objets ou de créatures pour rendre un hommage à la puissance cosmique de Maximilien II et ses successeurs.
Son œuvre a inspiré des surréalistes, tel Prévert, et de nombreux créateurs, dont des caricaturistes, qui ont utilisé le principe de juxtaposition et de combinaison d’objets pour créer des visages.

Dans les années 1820-1840 la mode était au laid, au grotesque comme en témoigne le journal intitulé La galerie des grotesques ou les Grimaces, dessinées par Boilly entre 1 823 et 1 828. Charles Traviès a créé le personnage d’un petit bossu pervers, Mayeux (Daumier le représentera aussi) et Gavarni inventera le bohémien du théâtre, Thomas Verloque, inspiré par Quasimodo.

Société mondaine dans un salon « On annonce Monsieur Mayeux... »
Société mondaine dans un salon « On annonce Monsieur Mayeux... » |

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Notes

  1. Giorgio Vasari, De la peinture, Introduction technique, chapitre XIV, vers 1550

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