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Parcours pédagogique

L'écrit et son support

20 min de lecture
Fragment d’une grande tablette protoélamite
Au cours de l’année de sixième, les élèves ont l’occasion de découvrir un texte ancien ou fondateur : L'Épopée de Gilgamesh, La Bible, L’Iliade ou L’Odyssée d’Homère, L’Enéide de Virgile, ou enfin Les Métamorphoses d’Ovide. Cette étude peut être l’occasion d’une interrogation sur la transmission de ce texte au cours de l’histoire, les supports successifs qui ont recueilli cette œuvre en particulier, et enfin sur le lien qu’entretient un texte avec son support d’écriture. La pérennité ou la fragilité du support conditionne la transmission et la réception du message. Quelle place le support prend-il dans la transmission et la réception d’un message ?
En classe de sixième, ce parcours à travers l’histoire matérielle de l’écrit est inséparable d’une investigation des mythes et récits qui nourrissent l’imaginaire de l’écrit. Mais tout travail d’écriture ou toute étude de texte au collège peut conduire à des interrogations sur l’écrit et ses supports dans l’Histoire et dans le monde, dans le cadre notamment de l’enseignement de l’Histoire des Arts.
Remotiver le support, lui redonner sa place dans l’acte d’écriture, tel est l’objectif principal de ce travail. Il y a une histoire et une géographie des supports : elle a fait apparaître, au fil des latitudes et des époques, des supports dominants : argile, papyrus, parchemin, papier. Aujourd’hui, les supports de l’écrit ont tendance à se dématérialiser et l’emprise de la géographie s’estompe sous le double empire du papier et du numérique.
Une fois ces considérations rappelées, les élèves vont pouvoir à travers une observation de documents, de l’expression orale et écrite réfléchir aux supports d’écriture d’hier à aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs et ainsi tenter de percer le mystère toujours présent de l’aventure des écritures. Le but des activités suivantes n’est pas seulement d’apporter des réponses exactes à leurs interrogations, il vise aussi à susciter une réflexion sur la relation qui unit un écrivain, un support d’écriture et le contenu même de son texte.
Les ressources pour réaliser l'activité

L'étymologie de « écriture »

Activité

Les élèves sont invités à rechercher l’étymologie du mot écrire.

Remarques

L’écriture est un acte concret. Le mot lui-même garde trace de cette matérialité.

En effet, étymologiquement en grec d’abord, γράφειν (graphein), traduit communément par notre verbe « écrire », désigne plus précisément le fait d'écorcher, d'égratigner, de tracer des signes, de graver.

En latin, scribere a le même sens. En effet, le scrupus est la petite pierre pointue avec laquelle on raye la pierre, le bois ou la cire. Avant de vouloir dire « écrire », scribere, c’est donc l’action de rayer avec un objet pointu, de tracer, de graver, de creuser avec un poinçon.

L’étymologie nous renvoie donc à un geste précis, à un véritable corps à corps avec une matière, à une pensée aux prises avec la matière à travers les intuitions et les agilités de la main. S’intéresser à la matérialité de l’écriture, à son inscription sur des supports est une manière d’entrer dans l’essence même de l’acte d’écrire.

La diversité des supports de l'écrit

Activité

Les élèves sont invités à inventorier les supports de l’écrit à notre époque

Remarques

Sur quoi écrit-on aujourd’hui ?
Les premières réponses feront immédiatement émerger la prédominance du papier et du numérique comme supports dominants aujourd’hui de la transmission des textes.
Quels supports de l’écrit connaissent ils ?
Réponses attendues : papier, ordinateur, tableau noir, téléphone portable, console de jeu, tissu, arbre dans la nature, sol etc…
Une fois cette première liste établie, les élèves sont invités à la compléter.
La classe peut faire un tour près du collège, dans la rue, et observer l’environnement. Chaque élève note au moins sept supports non mentionnés en classe.
Les élèves peuvent aussi être invités à conduire cette recherche individuellement, éventuellement à prendre des photos.
Quels nouveaux supports d’écriture ont-ils observé dans leur environnement?
Réponses attendues : plaque de métal, enseigne lumineuse, écran de la gare, parterre fleuri, verre des vitrines de magasin, goudron, vêtements, alimentation … Au final, il apparaît que les supports de l’écrit dépendent certes des ressources disponibles à proximité mais que dans l’absolu on peut écrire sur n’importe quoi.

Supports courants, supports d’usage

Si le papier et les supports numériques sont à notre époque les supports courants du texte, notamment celui du livre, les élèves ont vu que nous continuons à écrire sur n’importe quoi. Il en a été de même à d’autres époques. Ils sont invités parmi une série de documents à dégager ceux qui ont été le support courant du texte dans diverses civilisations et ceux qui n’étaient que des supports occasionnels, liés à un usage très particulier.

Les ressources pour réaliser l'activité

Il y a une histoire et une géographie des supports. Elle a fait apparaître, au fil des latitudes et des époques, des supports dominants : argile, papyrus, parchemin, papier. Aujourd’hui, les supports de l’écrit ont tendance à se dématérialiser et l’emprise de la géographie s’estompe sous le double empire du papier et du numérique.

Activité

Pour retrouver cette chrono-géographie, les élèves sont invités à placer sur une carte un certain nombre de documents. La carte peut être imprimée ou projetée au tableau. On utilisera des vignettes représentant les documents à une taille adaptée à l’un ou l’autre cas.
On peut aussi utiliser des échantillons du matériau même : en effet il n’est pas inintéressant de se procurer des morceaux d’argile, de papyrus, de parchemin, de bambou etc., dans la mesure du possible afin que la matière prenne une place dans cette activité. On veillera alors à mentionner trois informations essentielles : le matériau, le lieu ainsi que les dates d’usage de ces supports. On pourra noter également la préparation nécessaire à la fabrication de certains supports.

Remarques

On pourra ainsi localiser :
- La tablette d’argile en Mésopotamie : 4e millénaire av. J.-C. – début de l’ère chrétienne ;
- Le rouleau de papyrus en Égypte : 3e millénaire av. J.-C. – 4e siècle av. J.-C.
- Le parchemin inventé à Pergame : 2e siècle av. J.-C. – 16e siècle ;
- Le rouleau de papier en Chine : à partir du 2e siècle avant J.-C.
- Le bambou en Chine et dans l’Asie du Sud-est : à partir du 1er millénaire av J.-C.
- Les papiers végétaux en Méso-Amérique : au 17e siècle, certains papiers végétaux se.démarquent par rapport au papier occidental standardisé ;
- Les supports numériques : 20e siècle, en Europe et aux États Unis puis diffusion à l’échelle planétaire.
Cette exploration géographique des supports permettra d’identifier les grandes civilisations qui ont été le berceau de l’écrit. Il est important de noter alors que jusqu’au 19e siècle, les livres du monde ne se ressemblent pas, contrairement à aujourd’hui. Cela permet d’aborder une réflexion historique sur les supports.
L’idée d’une variété géographique des supports sera alors un peu bouleversée par la mise en relief de grandes tendances historiques : un compactage de l’écrit et une mondialisation des supports.

Les ressources pour réaliser l'activité

Chaque civilisation a cherché, identifié et développé les supports les plus adéquats pour la transmission et la réception de l’écrit. Argile en Mésopotamie, papyrus en Égypte, bambou en Chine... les premiers scribes empruntent à leur environnement immédiat le matériau le plus propice à recevoir leurs écrits et ce matériau influence en retour le geste, l’outil, la graphie : l’écriture cunéiforme naît de l’argile, les hiéroglyphes de la pierre deviennent abstraits sur le papyrus ; les minces et longues lames de bambou, premier support de l’écriture chinoise, entraînent probablement la disposition des signes en colonnes, de même que la forme de la feuille de palmier détermine le format oblong des livres du Sud-Est asiatique.

Une symbiose entre matériau et écriture ?

Chaque matériau a ses qualités et ses limites. Ainsi, l’argile sèche vite : "La bonne règle veut qu’une tablette d’argile, séchée au soleil ou cuite, utilisée jadis plus ou moins longtemps, avec tous les risques possibles de bris ou de dommage, puis déterrée quelquefois sans tendresse de son sommeil souterrain de plusieurs millénaires, au cours duquel la pression de la terre, l’humidité, la production de cristaux parasites l’ont éprouvée encore, se présente à nous abîmée, effacée ou entièrement perdue par places, souvent même brisée en plusieurs gros et petits fragments, ce qui, de soi, rend impossible d’en connaitre la teneur entière." dit Jean Bottéro dans la préface de L’Histoire commence à Sumer, de Samuel Noah Kramer. Le papyrus s’effrite vite, le sable quant à lui est mouvant et s’efface… Le geste d’écriture est  toujours aux prises avec la contrainte de la matière.

Le passage d’un matériau à l’autre s’opère lentement et différemment selon les civilisations : au début de notre ère, les Chinois utilisent déjà le papier alors que le parchemin commence à apparaître au Moyen-Orient et en Occident et que le papyrus est encore employé sur tout le pourtour méditerranéen.
La plupart du temps, l’évolution se produit sous le coup de contraintes économiques et pratiques : le parchemin, fabriqué presque partout, supplante le papyrus, qu’il faut importer d’Égypte ; le codex remplace le volumen, qui contient beaucoup moins de texte. Le support s’adapte ainsi progressivement à une diffusion de plus en plus large.

Activité

Les élèves répartis en groupe sont invités à étudier chacun un support : argile, papyrus, végétaux, parchemin, papier, supports numériques.
Pour chaque support chaque groupe devra établir :

  • La civilisation qui a vu naître ce support
  • La durée d’utilisation du support
  • Les qualités qui ont fait de ce matériau le support favori de la diffusion de l’écrit pour cette société
  • Les défauts éventuels du support
  • Les modalités de préparation nécessaires
  • L’impact de ce support sur le texte écrit
  • La diffusion de ce support dans le monde

Pour remplir leur grille les élèves peuvent naviguer dans la section « Écritures » du portail documentaire Les Essentiels de la BnF. Sinon, on pourra leur proposer une sélection de documents.

Remarques

L’échange autour des travaux des groupes devra permettre de dégager des tendances :

  • Dans un premier temps, on remarque un certain compactage de l’écrit : il y a de plus en plus de texte sur un support de plus en plus petit. Avec les supports numériques, le support disparaît complètement au profit du contenu. Le support de stockage du texte s’efface devant un support de lecture éphémère.
  • Dans un deuxième temps, on remarque un phénomène de mondialisation : le papier puis l’écran deviennent des supports universel

Codex, papier, imprimerie et numérique : des révolutions successives

Certains changements de supports entrainent de profonds bouleversements dans le rapport à l’écrit.
Avec le parchemin tout change ; le codex, qui se substitue lentement au rouleau, favorise l’organisation du texte en séquences discontinues, en pages autonomes. Avec le codex naissent la couverture, la page de titre, la  marge, la pagination,  le chapitrage, la table des matières, l’index… Le texte cesse de se dérouler au rythme du rouleau ; il joue avec le support, se servant de toutes les possibilités qu’offre le pli. Avec le codex nait aussi la lecture silencieuse car le livre tient dans la main ; de nouveaux signes vont guider la lecture : espaces, ponctuation, paragraphes… Naitra aussi une littérature plus intime, le roman.

Activité

Les élèves pourront examiner un rouleau et tenter de retrouver toutes les innovations qu’apporte le codex en repérant les différences avec les livres qu’ils utilisent.

La diffusion du papier et l’invention de l’imprimerie vont accélérer la dématérialisation du support. Dans les Cahiers de médiologie, n°4, 1997 on trouve cette définition du papier : « une entité sans laquelle notre monde ne pourrait se concevoir et qui pourtant reste le plus souvent transparente au regard. » Dans ce même numéro on trouve aussi que  « la réalité du papier disparaît derrière le symbole, le texte, la représentation ou le signe dont il est porteur. » Peu coûteux, le papier va permettre, grâce à l’imprimerie, la multiplication des livres et le développement de leur diffusion.

Les supports numériques marquent la consécration de la transparence du support. Le texte est-il seul à subsister ? L’intérêt pour les supports serait-il définitivement abandonné ?

Les développements de l’informatique n’ont en rien fait décliner l’usage du papier. On n’a jamais autant imprimé pour faciliter la lecture de documents. Surtout, à côté des supports dominants de l’écrit, les supports restent fondamentaux pour des messages que l’on veut spécifiques.

Les ressources pour réaliser l'activité

L’étymologie sera une bonne entrée pour comprendre le rôle du support. Le terme « support », du latin supportare, est ambivalent. En effet, il désigne à la fois ce qui reçoit le texte et ce qui le porte. Le support reçoit le texte et lui impose ses contraintes mais il porte le texte et l’accompagne de significations qui vont enrichir le message.

Les artistes, les hommes de la mode et de la publicité savent particulièrement bien jouer de la force de communication des supports de l’écrit.

Le support au service du texte

Le choix du support correspond parfois à un projet d’écriture bien déterminé.

Activité

Grâce à quelques images d'écriture dans la rue, ou d'œuvres patrimoniales et artistiques, on analyse oralement les caractères du message contenu sur les différents supports. À chaque document projeté, on posera la question suivante : quel est le projet d’écriture ? Comment peut-on qualifier le support?

On veillera à répondre à chacune de ces interrogations :

  • éternel/éphémère ?
  • d’usage restreint/d’usage public ?
  • transportable/non transportable ?
  • cher/pas cher ?

Remarques

On aboutira à des analyses des analyses de ce type

  • Sur un rideau de fer

Projet : Signer, se rebeller, s’exprimer, prendre un risque, …
Choix du support : pauvre, rebelle, interdit, dur, éternel ou éphémère…
Public visé : grand

  • Chez le tatoueur

Projet : rendre beau, afficher une appartenance, cacher, coder, renfermer un secret, donner une image, se rebeller …
Choix du support : intime, vieillissant, souple, personnel, unique, …
Public visé : restreint ou grand en fonction de la localisation du tatouage…

  • Dans la vitrine du pâtissier

Projet : Faire plaisir, célébrer, fêter, faire-part, partager, …
Choix du support :éphémère, effaçable, comestible, …
Public visé : restreint, intime

  • Sur la paume de la main

Projet : Se souvenir, cacher, ...
Choix du support : par défaut, fortune, effaçable, éphémère, intime, …
Public visé : restreint

  • Stèle votive

Projet : dédicacer, honorer, s’attirer la faveur des dieux, …
Choix du support : éternel, dur, pérenne, …
Public visé : grand

  • Auguste empereur

Projet : honorer, glorifier, communiquer, partager, signer…
Choix du support : dur, pérenne, précieux
Public visé : grand

  • Postures d'écriture au sol

Projet : jouer, s’essayer, s’initier, apprendre, s’orienter, apprendre, s’initier, jouer…
Choix du support : naturel, meuble, éphémère, disponible, effaçable
Public visé : restreint et public à la fois

  • Lettre à Robert Delaunay

Projet : communiquer, correspondre, évoquer…
Choix du support : symbolique, pliable, déchirable, fragile, contraint, limité, insolite…
Public visé : restreint

  • Lettre écrite sur du linge

Projet : correspondre, se rebeller, prendre un risque
Choix du support : intime, contraint, fragile, insolite
Public visé : restreint, intime

Activité d'écriture : écrire en remotivant le support

Les élèves dans un cadre de classe n’ont l’habitude de rendre des travaux que sur un seul support, le papier. La redécouverte du support comme essentiel lors d’un projet artistique, les conduira à imaginer un support d’écriture (insolite ou plus classique) et à concevoir un texte pour ce support.

Le support doit surprendre, les élèves sont invités à la créativité. Attention, le contenu de l’écrit doit faire allusion au support à un moment donné.

Exemples : Une lettre sur un tronc d’arbre, un conte sur un panneau publicitaire, une liste de course sur du papyrus…

Un tableau récapitulatif

Activité

Les élèves sont invités à reprendre tous les documents explorés au cours de la séance afin d’élaborer un tableau visant à :

  • dégager les différentes fonctions de l’écriture : se souvenir, communiquer, célébrer, cacher, se rebeller, s’orienter, faire mémoire, apprendre…
  • reprendre l’inventaire des supports exploités,
  • considérer les gestes et les outils d’écriture,
  • dégager enfin les qualités des supports : friables, solides, mous, éphémères, pérennes, durs, précieux, pauvres, éternels, solennels, rebelles, interdits...

Cette étude pourra être poursuivie à l’oral.

Remarques

Les élèves établiront des liens pluriels entre les différents supports d’écriture. Les supports dominants y apparaissent comme des supports permettant d’absorber des pluralités d’usages et le livre comme une modalité particulière de l’écrit liée à sa transportabilité et à sa capacité à rassembler les textes en corpus. On pourra conduire les élèves à donner une définition du livre : un livre est un support préparé, pour recevoir et rassembler des textes dans un format réduit permettant de les transporter.. Le débat autour de ce tableau doit permettre :

  • d’identifier les différentes fonctions parfois contradictoires de l’écriture : de la circulation de l’information au secret,
  • de dégager le geste d’écrire comme un saisissement par la main et par l’esprit de la matérialité d’un support,
  • de faire alors apparaitre l’espace du livre comme territoire particulier de l’écrit, contrairement à ce qui avait pu être formulé au début de la séance,
  • de les rendre attentifs à la valeur ajoutée du support, notamment dans une démarche artistique et de les mettre ainsi sur le chemin d’inventer, de rêver leur propre livre…

Créer une bibliothèque des supports

Les élèves seront invités à créer, avec la collaboration du professeur d’arts plastiques, une bibliothèque des supports. Chacun peut alors proposer par exemple sept supports de son choix tel un cabinet de curiosité qu’il faut organiser, avec une petite scénographie. Ce travail inclut bien sûr la rédaction d’un cartel pour chaque support et une justification de son intérêt.

Activité d'écriture : écrire un récit étiologique

La lecture et l’écriture de contes est au cœur de l’année de sixième. En conclusion de cette séance sur les supports d’écriture, les élèves peuvent inventer un mythe sur la naissance des écritures (invention collective, invention mythique…) Toutes les cultures ont conçu des mythes de naissance de l’écriture. Ces mythes ont parfois recours à un inventeur d’écriture.
Partant du principe que l’écriture n’existe pas encore, les élèves doivent imaginer un inventeur d’écriture. À travers la préparation de ce travail, ils sont invités à :

  • travailler sur un personnage
  • inventer un cadre géographique et un cadre social
  • choisir un support
  • choisir les signes de cette nouvelle écriture
  • inventer un motif de création de l’écriture, un enjeu (religieux, politique, commercial etc)
  • réfléchir à la mise en forme de leur récit en fonction de la teneur du récit et de son destinataire.