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Extrait

Fin de l’Enseignement pour Gemnikaï

Papyrus Prisse, 1800 av. J.-C.

 « Prospère est l’homme respectueux, loué le mesuré,

le baldaquin est toujours ouvert pour le réservé !

Importante est la position de celui qui reste serein dans le discours !

C’est contre qui sera sorti du cheminque pointeront les couteaux,

et il n’y aura point d’autre affaire que son acte !

 

Si tu t’asseois avec un grand nombre, dédaigne la nourriture que tu désires,

car maîtriser (son) désir ne réclame qu’un petit instant !

C’est une faute (khouou) que la gloutonnerie : on la pointe du doigt.

 

Une coupe d’eau suffit à étancher la soif,

une bouchée de verdure suffit à fixer son attention.

Une bonne chose tient lieu de bonheur ;

un peu de presque rien tient lieu de presque tout.

C’est un homme vil que celui dont le ventre est vorace :

Le (bon) moment passe à son insu.

C’est chez soi que le ventre peut se donner libre cours !

 

Si tu t’asseois avec un glouton,

tu ne mangeras qu’une fois son appétit passé.

Si tu bois avec un ivrogne,

tu ne te serviras qu’une fois son désir satisfait.

 

Ne te rue pas sur la viande à côté d’un rapace :

ne te sers que lorsqu’il te donne !

Ne décline pas l’offre : ce sera un signe d’accommodement.

Celui qui est exempt de (toute) dénonciation au sujet de la nourriture,

aucune affaire n’a pouvoir sur lui.

Une attitude de respect échoit à l’homme intègre.

Se montre charmant envers lui (même) l’arrogant envers sa propre mère,

et il trouve en chacun son partisan.

 

Fais que ton nom ressorte, le silence dans ta bouche, et on t’appellera !

Ne t’enorgueillis pas de ta force parmi tes contemporains !

Garde-toi bien de t’opposer,

car on ne peut connaître ce qui peut se produire,

ni ce que fait le dieu quand il châtie ! » 

Épilogue

Puis le vizir fit appeler ses enfants, lui qui avait compris les manières des hommes, leur comportement (biat) parvenant à sa vue, et à la fin il leur dit :

« Tout ce qui est écrit sur ce rouleau, écoutez-le comme mes paroles,

et n’allez pas au-delà de ce qui est décidé ! »

Ils se mirent sur le ventre et récitèrent fidèlement. Et ils en éprouvèrent un bien-être plus grand que tout ce qui existe dans ce pays entier. Désormais, ils se comportèrent conformément (à cela).

Puis la Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Houni décéda, la Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Snéfrou fut établie comme roi bienfaisant dans ce pays entier, et Gemnikaï fut promu maire et vizir.

 

Colophon 

 

C’est (ainsi) qu’il doit aller.

Papyrus Prisse, vers 1800 av. J.-C., BnF, département des Manuscrits, égyptien 186 ; traduction : Bernard Mathieu
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