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Extrait

L'administration des provinces malgaches selon Galliéni

Joseph Galliéni, Rapport d'ensemble sur la pacification, l'organisation et la colonisation de Madagascar, 1900

Dans son Rapport d'ensemble sur la pacification, l'organisation et la colonisation de Madagascar (octobre 1896 à mars 1899) publié en 1900, Galliéni expose le principe de la politique des races qu’il a mise en œuvre à Madagascar.

B. — Administration des provinces.
Principes généraux. — Politique de races et décentralisation.

Le programme d'ensemble qui m'avait été dicté par M. le ministre des colonies en 1896, lorsque je fus envoyé à Madagascar, était basé sur une orientation politique diamétralement opposée à celle qui avait été adoptée jusqu'à ce jour. Le temps était venu de rompre avec les errements du passé et de prendre, vis-à-vis des Hovas, l'attitude qui convenait à la nouvelle nation souveraine à Madagascar. L'œuvre que j'avais à entreprendre dans la grande île avait pour point de départ la destruction de l'hégémonie hova, l'abaissement de la race conquérante qui avait été notre principal adversaire dans l'île depuis le commencement du siècle ; elle ne devait plus être considérée que comme une peuplade et être traitée sur le même pied que les autres tribus jusqu'alors soumises à sa domination.

Notre intérêt était de soutenir ces dernières en les détachant peu à peu de leurs anciens maîtres, en renvoyant en Imerina les gouverneurs hovas qui les administraient, en les constituant, enfin, en confédérations indépendantes et autonomes commandées par leurs chefs naturels, dirigés eux-mêmes par nos résidents civils ou militaires; il fallait, en un mot, inaugurer à Madagascar la politique de races qui avait déjà eu des résultats si heureux au Soudan et au Tonkin.

[...] Dans les instructions spéciales que j'adressais moi-même aux chefs de province, le 27 octobre, je leur traçais ainsi la ligne politique à suivre :

« L'hégémonie hova doit être détruite ; il y aurait danger à la maintenir, les Hovas étant la race conquérante de Madagascar, celle qui nous a opposé toujours la plus vive hostilité et qui, aujourd'hui encore, alimente en grande partie le mouvement insurrectionnel clans la région centrale.

» Le programme à réaliser est donc : en dehors de l'Emyrne, se débarrasser des autorités hovas et former les populations en groupes séparés constitués avecles indigènes de même race, administrés par des chefs de cette race sous la direction des résidents; en un mot, faire de la politique de races, sans s'astreindre surtout à un mode d'organisation et d'administration uniforme pour toutes les populations de l'île, puisqu'il est nécessaire, avant lout, de tenir compte des moeurs, des coutumes et du caractère de chaque tribu. »

Joseph Galliéni, Rapport d'ensemble sur la pacification, l'organisation et la colonisation de Madagascar (octobre 1896 à mars 1899), Paris, 1900, p. 201-203.
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