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Extrait

Rompue la haute colonne et le vert laurier

Pétrarque, Canzoniere, CCLXIX

Rompue la haute colonne et le vert laurier
Qui donnaient leur ombrage à ma lasse pensée.
J'ai perdu tout cela que revoir je n'espère
De Borée à Auster, de mer indienne à maure.

Tu m'as ôté, mort, mon double trésor,
Qui me fit vivre heureux, aller plein de fierté.
Compenser ne le peut ni terre ni empire,
Ni gemme d'Orient, ni puissance de l'or.

Mais si c'est du destin consentement,
Que puis-je plus, hors avoir l'âme triste,
Les yeux noyés toujours, et le regard baissé ?

Oh notre vie, si belle en apparence,
Qu'elle perd aisément en un matin
Ce qui en mainte année à grand'peine s'acquiert.

Pétrarque, Chansonnier. Rerum vulgarium fragmenta. éd. Giuseppe Savona, tr. Gérard Genot, Paris : Les Belles Lettres, 2009, p. 376.
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