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Extrait

Une critique du Labourage nivernais par René Laruelle

René Laruelle, « Rosa Bonheur », 1885

C'est le Labourage nivernais qui représente seul aujourd'hui, en France, la grande artiste française. Nous avons tous admiré cette page magnifique ; vérité, harmonie, sentiment exquis de la nature, tout y est réuni. Quelle intensité de vie dans ces six bœufs aux formes superbes, traînant avec effort la charrue qui s'enfonce dans la terre lourde et grasse ! Les deux premiers ruminent, calmes et résignés ; le troisième se rebelle, et l'aiguillon, manié par un jeune gars, vient le rappeler au devoir,
tandis qu'un paysan déjà vieux pèse sur la charrue. Au second plan, un attelage semblable se présente dans un raccourci où la difficulté d'exécution est vaincue de main de maître. Au fond, des coteaux boisés ; et au-dessus de la scène tout entière, le ciel, le ciel clair et transparent des matinées d'été. Rien de cherché, rien de convenu ; c'est la nature prise sur le fait, dans sa simplicité grandiose. Il suffit de voir ce tableau pour juger le talent de Mlle Rosa Bonheur, et nous devons nous féliciter que nos gouvernants de 1847 aient eu l'idée heureuse de nous l'assurer pour toujours.

René Laruelle, « Rosa Bonheur », Le Bulletin des beaux-arts : France de 1500 à nos jours, 3, 1885, p. 4.
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