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Extrait

La renaissance de la Table ronde

La Mort du roi Arthur

Maintenant le conte dit qu’au jour fixé par le roi Arthur à ses vassaux pour leur rassemblement à Camaalot, ils vinrent en si grand nombre, tant à pied qu’à cheval, qu’on ne vit jamais une telle concentration de chevaliers. Messire Gauvain, qui avait été malade, était guéri, et le jour où ils furent tous là, il dit au roi : « Sire, avant que vous partiez d’ici, je vous conseillerais de choisir parmi les barons présents autant de bons chevaliers qu’il en a été tué avant-hier par ceux qui allèrent secourir la reine ; vous les installeriez à la Table ronde à la place des disparus, de sorte que nous nous retrouvions le même nombre de chevaliers que nous étions, c’est-à-dire cent cinquante. Je puis vous assurer que, si vous suivez ce conseil, votre corps de compagnons y gagnera de toutes les manières et en sera beaucoup plus redouté. »
Le roi fut d’accord et commanda qu’on agît ainsi, affirmant que c’était là une heureuse initiative. Il appela aussitôt les puissants du royaume et leur ordonna, sur le serment qu’ils lui avaient prêté, de choisir parmi les meilleurs chevaliers autant qu’il en manquait à la Table ronde, sans égard à leur pauvreté éventuelle. Ils acceptèrent bien volontiers. S’isolant des autres, ils s’assirent à une extrémité de la grande salle, et comptèrent combien il leur manquait de chevaliers de la Table ronde ; ils arrivèrent au chiffre de soixante-douze ; sur le champ, ils en élirent le même nombre et leur donnèrent les sièges de ceux qui étaient morts ou qui étaient avec Lancelot. Mais personne ne fut assez hardi pour oser prendre place sur le Siège périlleux.

La Mort du roi Arthur, traduction de Marie-Louise Ollier, UGE 10/18, coll. « Bibliothèque médiévale », 1992, p. 176
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