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Extrait

« Puisque vous n’avez pas voulu guérir par mes mains... »

Molière, Le Malade imaginaire, acte III, scène 6

MONSIEUR PURGON
Mais puisque vous n’avez pas voulu guérir par mes mains...

ARGAN
Ce n’est pas ma faute.

MONSIEUR PURGON
Puisque vous vous êtes soustrait de l’obéissance que l’on doit à son médecin...

TOINETTE
Cela crie vengeance.

MONSIEUR PURGON
Puisque vous vous êtes déclaré rebelle aux remèdes que je vous ordonnais...

ARGAN
Hé point du tout.

MONSIEUR PURGON
J’ai à vous dire que je vous abandonne à votre mauvaise constitution, à l’intempérie de vos entrailles, à la corruption de votre sang, à l’âcreté de votre bile, et à la féculence de vos humeurs.

TOINETTE
C’est fort bien fait.

ARGAN
Mon Dieu !

MONSIEUR PURGON
Et je veux qu’avant qu’il soit quatre jours, vous deveniez dans un état incurable.

ARGAN
Ah ! miséricorde.

MONSIEUR PURGON
Que vous tombiez dans la bradypepsie.

ARGAN
Monsieur Purgon.

MONSIEUR PURGON
De la bradypepsie, dans la dyspepsie.

ARGAN
Monsieur Purgon.

MONSIEUR PURGON
De la dyspepsie, dans l’apepsie.

ARGAN
Monsieur Purgon.

MONSIEUR PURGON
De l’apepsie, dans la lienterie.

ARGAN
Monsieur Purgon.

MONSIEUR PURGON
De la lienterie, dans la dyssenterie.

ARGAN
Monsieur Purgon.

MONSIEUR PURGON
De la dyssenterie, dans l’hydropisie.

ARGAN
Monsieur Purgon.

MONSIEUR PURGON
Et de l’hydropisie dans la privation de la vie, où vous aura conduit votre folie.

Molière, Le Malade imaginaire, acte III, scène 6
Molière, Œuvres complètes, vol. VI, Compagnie des libraires associés (Paris), 1773
 
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