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Extrait

André Breton parle de Pétrus Borel

André Breton, Anthologie de l’humour noir, 1940

Son Champavet, Contes immoraux, « livre sans équivalent, mystification lugubre, plaisanterie d’une terrible imagination », où triomphe le « mot sinistre, semi-bouffon, semi-répugnant » (Jules Claretie), son admirable Madame Putiphar, ouvrage traversé d’un des plus grands souffles révolutionnaires qui furent jamais […] abondent en situations qui incitent à la fois au rire et aux larmes, en traits dans lesquels la sincérité la plus douloureuse s’allie à un sens aigu de la provocation, à un besoin irrésistible de défi.

[…]

Le style de l’écrivain, auquel s’applique comme à aucun autre l’épithète « frénétique », et son orthographe attentivement baroque semblent bien tendre à provoquer chez le lecteur une résistance relative à l’égard de l’émotion même qu’on veut lui faire éprouver, résistance basée sur l’extrême singularisation de la forme et faute de laquelle le message par trop alarmant de l’auteur cesserait d’être reçu.

André Breton, Anthologie de l’humour noir, Paris : Éd. du Sagittaire, 1950, p. 85.
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