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Les mutilés ou l’envers des médailles

Salle d’opération
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Proportionnellement à sa population, la France est, parmi les belligérants de la Première Guerre mondiale, le pays qui a perdu le plus grand nombre d’hommes : un soldat sur cinq y est mort (plus d’1,4 million au total). Mais c’est sans compter plus de trois millions de blessés dont près d’un million ont droit au versement d’une pension d’invalidité (600 000 invalides, 300 000 mutilés et amputés, 42 000 aveugles, 15 000 gueules cassées). 100 000 « soldats de la honte », marqués psychologiquement par la guerre, ne furent jamais pris en considération mais plutôt stigmatisés comme lâches, tout comme les « mutilés volontaires ». Le visage de la France a totalement changé au lendemain de la Grande Guerre… Les gueules cassées, les mutilés dans leur fauteuil roulant, les amputés en béquille, ou ceux dont la manche vide est glissée dans la poche de la veste, les aveugles… Tous les jours, ils rappellent à la population les horreurs de la guerre et les sacrifices qu’ils ont subis dans leur chair pour la patrie. Mais cette patrie est-elle reconnaissante ? Les regards détournés, les fiançailles rompues, les difficultés professionnelles ne sont-ils pas autant de symboles du malaise de la population face à leurs handicaps ? Valait-il mieux mourir pour obtenir la gloire ?

Il y a bien eu les médailles octroyées par l’État, en reconnaissance de leur bravoure, de leur courage, de leur exemplarité. Une petite étoile rouge dont le nombre dépend du nombre de blessures est instaurée en 1916. Une catégorie supplémentaire de la légion d’honneur est même créée en 1932 pour les mutilés à 100 %. Ces médailles envoient bien un signe à celui qui la voit et distingue celui qui la porte. Mais cela a-t-il suffi ? Certes, des campagnes de presse ont été organisées pour héroïser les soldats blessés, pour magnifier leurs infirmités. Le sacrifice d’une vie entière, la gloire et la compassion étaient-elles une compensation suffisante pour oublier la guerre, pour dépasser leurs handicaps et les mutilations physiques et morales ?

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