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L'image dans le livre médiéval

Guillaume des Ursins et son copiste-enlumineur
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Notre époque bourdonnante d’informations et de séductions visuelles n’a pas inventé, tant s’en faut, la culture de l’image. Les derniers siècles du Moyen Âge, du 11e au 15e siècle, sont tout irrigués par un profond goût de l’image. Que l’image se déploie, se grave ou se peigne dans la pierre des cathédrales ou dans les pages du livre, il faut y lire beaucoup plus que la simple illustration d’une société et d’une pensée à laquelle on la réduit trop souvent, beaucoup plus qu’un simple jalon d’une évolution artistique et stylistique. Les images du Moyen Âge participent d’un monde et d’un imaginaire qui nous sont devenus étrangers, appartenant à une culture dont chaque parcelle est imprégnée de christianisme, qui s’exprime à travers un langage symbolique dont la logique échappe à nos critères, nourri par un lien étroit avec le texte. Les images relèvent d’une codification, elles doivent être déchiffrées.

Destinées, comme le répètent Thomas d’Aquin et les scolastiques, à instruire, remémorer et émouvoir, elles permettent aussi de s’évader dans l’imaginaire tant religieux que profane, de créer une ouverture vers le rêve ou de mettre en évidence, par la raillerie et la dérision, le désordre du monde. Au fil des pages, alliant leurs ressources à celles du codex, elles créent un autre discours qui synthétise, enrichit, contredit ou complète le discours du texte. Leur modernité surprenante repose sur des mises en page inédites, sur de nouveaux procédés techniques destinés à rendre le mouvement, l’action, la pensée d’un personnage, tout un art du récit qui préfigure lointainement celui de la bande dessinée.

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