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Focus

L’Intrigue des Illusions Perdues

Première partie : Les Deux Poètes

C’est l’histoire de deux jeunes hommes vivant à Angoulême, Lucien Chardon et David Séchard, jeunes gens de talent et sans fortune, et qui veulent réussir. Le premier, fils de pharmacien portant le nom bourgeois de son père, rêve de devenir un grand poète et espère se faire anoblir, en reprenant le nom de sa mère, née de Rubempré. L’autre est fils d’imprimeur et succède à son père, avare et ivrogne, qui, à sa retraite, lui vend très cher son imprimerie, mais il a aussi des ambitions en tant qu’inventeur d’un nouveau mode de fabrication du papier. 

Vue d'Angoulême en 1819
Vue d'Angoulême en 1819 |

Bibliothèque nationale de France

Grâce à ses séductions physiques et à ses ambitions littéraires, le jeune poète réussit à s’introduire chez Madame de Bargeton, aristocrate de province et femme supérieure qui tient un salon. Elle devient à la fois sa protectrice et sa muse,  mais non sa maîtresse. Lors d’une soirée poétique, Lucien lit ses vers dans son salon, et se voit assailli par les sarcasmes des nobliaux d’Angoulême. Aussi Louise et Lucien décident-ils de monter à Paris, pour fuir l’hostilité des provinciaux, et s’imposer dans une sphère supérieure. David, quant à lui, amoureux d’Ève, la sœur de Lucien, qui devient bientôt sa femme, reste à Angoulême, y exerce son métier et poursuit ses recherches, tous deux se dévouant pour le « grand homme de province ».

Deuxième partie : Un grand homme de province à Paris

Madame de Bargeton et la marquise d'Espard à l'Opéra
Madame de Bargeton et la marquise d'Espard à l'Opéra |

Bibliothèque nationale de France

Mais sitôt à Paris, la désillusion des deux amants est réciproque. Se comparant aux jeunes gens de la haute aristocratie et à leurs manières lors d’une soirée à l’opéra, Lucien se voit avec leurs yeux et comprend qu’on le méprise. Et il déchante aussi en comparant sa muse provinciale à l’élégance des femmes de la haute société parisienne. De son côté, initiée aux manières parisiennes par sa cousine, Mme d’Espard, Mme de Bargeton s’éloigne de Lucien et se rapproche du baron du Châtelet, plus âgé et d’un physique moins avenant, mais au courant des codes du grand monde.

Après leur rupture, Lucien se remet à écrire, accepte de vivre frugalement, et se lie avec deux jeunes gens : Etienne Lousteau, un jeune journaliste déjà désabusé qui se fait son « cornac » et l’initie aux turpitudes du monde littéraire parisien ; et Daniel d’Arthez, jeune homme studieux et penseur, rencontré à la bibliothèque sainte Geneviève, qui a des ambitions littéraires de haute volée, et qui est déjà le chef d’un « cénacle » intellectuel de neuf jeunes gens aux compétences encyclopédiques. Bientôt, Lucien se voit obligé de choisir entre ces deux modèles d’écriture mais aussi d’existence. Bien qu’incité par d’Arthez à suivre la voie de l’étude et à rejoindre le Cénacle, Lucien préfère la voie des succès faciles que ses amis lui ont pourtant formellement déconseillée. 

Le jeune poète accepte de travailler pour les petits journaux qui, bientôt, apprécient son esprit et sa verve. Lousteau l’initie aux différents secteurs du monde littéraire parisien : les gens de lettres, les diverses variétés de librairies, les théâtres. Il espère voir publiés ses œuvres : un recueil de poésies et un roman à la Walter Scott. Une actrice du Panorama-dramatique, Coralie, tombe amoureuse de lui, et l’installe chez elle, mais il doit la partager avec le négociant qui l’entretient. Lancé dans le monde parisien, tant dans le monde littéraire que dans le grand monde, il y vit quelque temps la vie du dandy et du « viveur », change de camp politique parce qu’il espère obtenir ainsi une ordonnance royale lui permettant de porter le nom de sa mère. Mais du fait de l’animosité de Mme de Bargeton devenue baronne du Châtelet et à la suite d’un enchaînement tragique, il se voit entouré d’inimitiés et déchoie brutalement de sa splendeur. Une maladie de Coralie, puis sa mort brutale, ajoutent à sa déconfiture, et il doit repartir en vaincu pour Angoulême

Troisième partie : Les Souffrance de l’inventeur

Ève et David Séchard
Ève et David Séchard |

Bibliothèque nationale de France

Là, pendant que David se consacre à ses inventions, Ève le remplace à l'imprimerie. Mais elle se trouve en butte aux manœuvres de concurrents, soutenus par les libéraux, les frères Cointet qui veulent ruiner une entreprise concurrente et guignent sur les découvertes de l'inventeur. Le retour à Angoulême de Lucien, auteur de lettres de change qui font peser sur David la menace d'une arrestation, ses repentirs successifs, ses tentatives désastreuses pour réparer ses fautes, ne font qu'accélérer la victoire de ses concurrents.

Lucien quitte Angoulême avec l'intention de se jeter dans la Charente, mais il rencontre sur la route un prêtre espagnol, qui réussit à le détourner de son projet de suicide. D’abord ironique il semble peu à peu alléché par les propositions de cet étrange inconnu. À la différence de Rastignac, lui semble prêt à accepter le pacte diabolique que l’abbé Carlos Herrera (alias Vautrin) lui propose, s’il accepte de devenir son amant : le venger du monde parisien qui l’a ostracisé, faire publier ses œuvres, le faire anoblir, lui obtenir gloire et pouvoir. Mais ce n’est que lors de la première scène du roman suivant, Splendeurs et misères des courtisanes, qu’on comprend que Lucien a accepté de devenir la créature de l’ex-bagnard homosexuel devenu faux abbé.