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Quand le mythe inspire la science…

La théorie de la création continue
Culte astronomique chez les Mexicas
Culte astronomique chez les Mexicas

Bibliothèque nationale de France

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Avez-vous déjà remarqué que les mythes et les théories scientifiques semblent parfois étrangement se répondre ? Une relation qui n’est que partiellement due au hasard…

Ni concordance, ni opposition

Présents dans toutes les cultures, les mythes cosmogoniques constituent des symboles primitifs et universels appartenant à l’inconscient collectif. Cela explique peut-être les vagues analogies qu’il est toujours possible de relever entre tel ou tel mythe fondateur et les descriptions scientifiques contemporaines de l’origine de l’Univers.

Création du ciel
Création du ciel |

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Création de la végétation
Création de la végétation |

Bibliothèque nationale de France

Rien de mystérieux ni de surprenant, donc, dans ces correspondances, sinon la permanence de certaines prescriptions imposées à la pensée dans l’élaboration de modèles du monde. Mais en réalité, il n’y a ni concordance ni opposition entre les cosmogonies scientifiques et les cosmogonies mythiques : toutes deux ne remplissent pas la même fonction et ne sont pas soumises aux mêmes contraintes. Le but du mythe n’est pas de dire ce qui s’est réellement passé au début, mais de fonder une organisation sociale ou religieuse, voire une morale. Il offre aussi plusieurs degrés d’interprétation. La science, de son côté, prétend découvrir une vérité matérielle, au moyen de théories appuyées par des observations. Construite le plus souvent contre les mythes traditionnels, elle leur a substitué de nouveaux récits des origines : le Big Bang, la théorie de l’évolution, la préhistoire de l’humanité.

L’inspiration par le mythe

Dhâranî tibétaine imprimée en rouge
Dhâranî tibétaine imprimée en rouge |

Bibliothèque nationale de France

Cela n’empêche pas l’imagination créatrice des scientifiques de faire appel à des images mythiques, qui favorisent plus ou moins obscurément telle ou telle direction de recherche. C’est sans doute pour cela, aussi, que les nouveaux récits des origines élaborés par les scientifiques tendent à devenir, pour l’opinion, des mythes modernes. Georges Lemaître, en 1931, proposa un scénario scientifique de la naissance de l’espace et du temps, dans lequel le monde se développe selon une fragmentation d’un « atome primitif » rappelant fortement l’éclosion de l’œuf cosmique initial. Ce modèle, revu et corrigé, donna naissance au scénario du Big Bang.

La théorie de la création continue : des Aztèques à l’astrophysique

Le cas de la théorie de la création continue, qui connut une certaine faveur dans les années 1950, est encore plus frappant. À l’époque, le modèle du Big Bang était encore mal étayé par les observations et cristallisait les réticences métaphysiques de nombreux astrophysiciens. Pour compenser l’expansion de l’espace observée et la dilution de la matière qui en résulte, les partisans de l’Univers stationnaire, qui se référaient à Aristote, durent faire appel à un processus de création continue de matière, au rythme d’un atome d’hydrogène par mètre cube d’espace tous les cinq milliards d’années. L’astrophysicien britannique Fred Hoyle montra en 1948 que ce modèle pouvait se réaliser à condition d’introduire dans les équations un « champ de création » inventé pour l’occasion et conçu comme un réservoir d’énergie négative se manifestant tout au long de l’histoire (perpétuelle) cosmique.

« Ô vision terrible et sublime ! »
« Ô vision terrible et sublime ! » |

Bibliothèque nationale de France

Cette idée de création continue se trouvait déjà dans plusieurs traditions : chez les Aztèques, pour qui des sacrifices humains étaient nécessaires afin de régénérer en permanence le cosmos, chez Héraclite et les stoïciens en Occident. Les auteurs de la théorie de la création continue se rattachaient clairement à ce courant de pensée, mais ils durent « forcer » leur modèle scientifique pour l’accorder à leur point de vue philosophique, en introduisant des processus physiques non justifiés. La découverte du rayonnement de fond cosmologique, en 1965, infirma leurs hypothèses au profit des modèles de Big Bang proposés par Lemaître.

De divinis numeris
De divinis numeris |

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