Découvrir, comprendre, créer, partager

Image

Livre des odes dans la version de Mao, avec commentaires

Livre des odes dans la version de Mao, avec commentaires
Le format de l'image est incompatible

« Cinquième jour du cycle, jour propice, nous avons fait des offrandes sacrificielles à l'ancêtre des chevaux ainsi que des prières. Bon était le char de chasse, très vigoureux ses quatre coursiers. Nous avons gravi cette grande colline à la poursuite du troupeau sauvage. »

Cette poésie, aux strophes régulières, formée de vers généralement quadrisyllabiques, est l'une des 305 conservées depuis la haute antiquité par le Livre des odes.
Comme l'attestent déjà d'autres textes antiques, le Livre des odes jouissait du statut de référence absolue. Confucius en préconisait déjà l'étude pour l'acquisition du vocabulaire. Les préfaces, commentaires et citations de l'œuvre témoignent que très tôt les odes furent interprétées au second degré. Chacune était replacée dans un contexte historique précis, et expliquée en fonction d'un système de valeurs aux implications politiques et morales confucéennes. En réciter quelques extraits était pratique courante dans les classes dirigeantes, et faisait partie du langage et des usages diplomatiques. Savoir citer à bon escient, mais aussi, être à même de déchiffrer les fines allusions véhiculées par des vers sibyllins, était la marque d'une culture universellement reconnue. Conseillers et diplomates y avaient souvent recours pour exprimer des opinions ou pour emporter l'adhésion d'un interlocuteur. Les règles de la rhétorique classique exigeaient de puiser dans les Odes des citations dévoyées de leur sens originel pour les appliquer aux circonstances du moment. Le procédé était plus puissamment convaincant qu'un discours personnel ; l'efficacité de l'argumentation était proportionnelle à l'économie des moyens mis en œuvre. Les penseurs tirèrent de ce corpus poétique d'inépuisables thèmes de réflexion. Les générations successives se formèrent à son étude. Ce faisant, elles intégrèrent aussi les valeurs civilisatrices de la dynastie des Zhou, les propagèrent et les imposèrent à l'ensemble du monde civilisé. En dehors de son contenu immédiat, pourrait-on dire, le Shi constituait un modèle culturel auquel tous se conformaient.
Les 8 feuillets de ce rouleau sur papier teinté en jaune portent des caractères reproduisant un style ancien des Six Dynasties. La composition en colonnes de seulement 13 caractères contribue à la grande clarté de la présentation. Quelques légers points rouges parfois visibles suggèrent que ce rouleau a servi à l'enseignement. Il est d'usage en Chine que les signes de ponctuation soient indiqués non par le copiste ou l'éditeur mais par le lecteur ou le professeur. Les écrits anciens, dont les colonnes forment de longues chaînes ininterrompues de caractères, ne distinguent ni début ni fin de phrase, pas plus qu'ils ne signalent les noms propres ou les lieux géographiques. Les signes de ponctuation traditionnelle, le plus souvent en rouge, servent non pas à structurer un ensemble de mots écrits mais à scander le texte lors d'une lecture à voix haute afin de mieux le mémoriser. Ainsi, les marques diverses servent à placer des césures pour isoler un groupe signifiant de caractères, ou marquer une pause.

© Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Non daté, calligraphie des Six Dynasties
  • Lieu
    Chine
  • Auteur(es)
    Mao Heng, commentateur ; Mao Chang, commentateur ; Zheng Xuan (0127-0200), commentateur
  • Description technique
    Rouleau manuscrit de 8 feuilles de papier jaune foncé,12 à 14 caractères par colonne, commentaire en petits caractères dédoublés en 2 colonnes, 26,5 x 346,5 cm
  • Provenance

    BnF, département des Manuscrits, PELLIOT CHINOIS 2506

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm6z8xt54rb3