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« Sauvage » du Canada

Costumes civils actuels de tous les peuples connus
« Sauvage » du Canada
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Les explorateurs, qui multiplient leurs campagnes tout au long du 18e siècle, s’intéressent avant tout aux hommes, à leurs coutumes, leurs croyances, leurs cultures : ils rapportent des objets, consignent leurs réflexions dans des récits de voyage qui transforment peu à peu l’image du monde et l’image de l’autre. Les planches s’attachent à rendre le réalisme des costumes et des attitudes, pour constituer de véritables albums documentaires.

Ce recueil de costumes, compilé à la fin du 18e siècle, prétend faire un tour du monde des populations connues. Chacune est représentée par plusieurs gravures, souvent de costumes féminins et masculins, accompagnées d'une notice historique et ethnographique décrivant le caractère, les mœurs, l'organisation politique, la religion, l'alimentation et le vêtement des populations concernées. Les informations viennent des voyageurs et des missionnaires, dont le travail est fréquemment mentionné. 

Bien qu'au fait de l'existence de nombreuses tribus différentes, l'auteur fait peu de distinctions entre elles. Voici la manière dont il décrit l'habillement des « Sauvagees du Canada » :

« Voici l’ajustement le plus généralement adopté des Sauvages du Canada.

Ceux qui font parade de leur bravoure arrachent tous les cheveux de leur tête, à l’exception d’une touffe qu’ils laissent croître de toute leur longueur. À cette tresse, ils attachent des plumes de diverses couleurs et des aigrettes d’ivoire ou d’argent. Cette manière de couper et d’orner la chevelure sert à distinguer les peuplades les unes des autres. Ils se peignent en outre le visage de blanc et de noir, et c’est là l’ornement auquel ils attachent le plus de prétention. En temps de guerre, ils s’enluminent d’une manière tout à fait effrayante et hideuse. Ils se coiffent quelquefois d’une capote.

Les petits maîtres, les merveilleux, les élégants, qui se piquent de donner le ton et de faire mode, se fendent le bord extérieur des deux oreilles, y tortillent un fil d’archal pour donner à cette partie une forme plus heureuse que celle qu’elle a reçue de la nature, dont ils méconnaissent les grâces. Il est aussi d’usage de se percer le nez pour y passer des pendants plus ou moins riches.

Les Indiens du Canada vont presque tout nus, à l’exception d’une ceinture de peau, garnie par-devant d’une pièce proportionnée, pour la grandeur, à ce qu’elle cache. Les vieillards se couvrent la moitié des cuisses. Ils jettent sur leurs épaules une fourrure ou un pan de drap, ou même un manteau d’écarlate, qu’ils attachent au haut de la poitrine. Ils portent des colliers et un cordon auquel ils suspendent leur couteau. Ils couvrent leurs jambes d’une espèce de guêtres cousues très-ferrées. Les bords de l’étoffe dont elles sont formées saillent de la largeur de la main. Ces guêtres sont quelquefois soutenues par des bretelles attachées à la ceinture. Cette chaussure est très-commode pour chasser au milieu de la neige. Les souliers de peaux de daim, de bœuf musqué ou d’élan, grossièrement façonnés, se placent facilement et sont très-propres à la marche. À l’endroit de la cheville, ils sont chargés de différentes petites plaques de cuivre ou d’étain, lesquelles, placées à l’aise l’une contre l’autre, font un bruit qui amuse beaucoup le Sauvage qui chemine. »

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1787-1788
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Claude-Louis Desrais (1746-1816), dessinateur ; Félix Mixelle (1763-1837), graveur ; Sylvain Maréchal (1750-1803), auteur
  • Description technique
    Estampe sur papier en couleur d'après une gravure à l'eau-forte
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, OB-31 (C)-4

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm1322005661