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Le Lys dans la Vallée

Le Lys dans la Vallée
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Roman publié partiellement en feuilleton dans la Revue de Paris en novembre-décembre 1835, Le Lys dans la vallée prend place dans la série des « Scènes de la vie de province » de La Comédie humaine. Il relate une histoire d'amour platonique, mais fatale, entre Félix de Vandenesse et Henriette de Mortsauf. Le jeune homme s'ouvre, dans une longue lettre, à sa fiancée, Natalie de Manerville ; sa confession est entrecoupée de lettres qu’il a reçues d’elle. Un semblable dispositif épistolaire se retrouve dans les Mémoires de deux jeunes mariées (1842).

« Aussitôt je sentis un parfum de femme qui brilla dans mon âme comme y brilla depuis la poésie orientale. Je regardai ma voisine, et fus plus ébloui par elle que je ne l’avais été par la fête ; elle devint toute ma fête. Si vous avez bien compris ma vie antérieure, vous devinerez les sentiments qui sourdirent en mon cœur. Mes yeux furent tout à coup frappés par de blanches épaules rebondies sur lesquelles j’aurais voulu pouvoir me rouler, des épaules légèrement rosées qui semblaient rougir comme si elles se trouvaient nues pour la première fois, de pudiques épaules qui avaient une âme, et dont la peau satinée éclatait à la lumière comme un tissu de soie. Ces épaules étaient partagées par une raie, le long de laquelle coula mon regard, plus hardi que ma main. Je me haussai tout palpitant pour voir le corsage et fus complètement fasciné par une gorge chastement couverte d’une gaze, mais dont les globes azurés et d’une rondeur parfaite étaient douillettement couchés dans des flots de dentelle. Les plus légers détails de cette tête furent des amorces qui réveillèrent en moi des jouissances infinies : le brillant des cheveux lissés au-dessus d’un cou velouté comme celui d’une petite fille, les lignes blanches que le peigne y avait dessinées et où mon imagination courut comme en de frais sentiers, tout me fit perdre l’esprit. Après m’être assuré que personne ne me voyait, je me plongeai dans ce dos comme un enfant qui se jette dans le sein de sa mère, et je baisai toutes ces épaules en y roulant ma tête. Cette femme poussa un cri perçant, que la musique empêcha d’entendre ; elle se retourna, me vit et me dit : "Monsieur ?" »

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    1851-1853
  • Lieu
    Paris
  • Auteur(es)
    Honoré de Balzac (1799-1850), auteur ; Célestin Nanteuil (1813-1873) et Gustave Staal (1817-1882), illustrateurs ; Marescq et Cie, éditeur
  • Description technique
    Livre imprimé
  • Provenance

    BnF, département de Littérature et Art, Z-7761

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm132201945g