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La Sphinge

Grande aiguière surmontée d’une sphinge
La Sphinge
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Le prototype de cette pièce d’orfèvrerie, dont on a perdu la trace, est attribué au peintre florentin Francesco Salviati (1510-1563), qui exerça sa carrière à Florence, à Rome – où il subit l’influence des maniéristes et de Michel-Ange – et en France, à Fontainebleau et au château de Dampierre. Le maniérisme se développait alors dans les arts décoratifs à Rome, notamment à la cour des Farnèse, où travaillaient, avec Salviati, des artistes tels que Perino del Vaga, Guglielmo della Porta et les frères Zuccari. Dans sa production abondante et variée, Salviati, qui fit son apprentissage chez un orfèvre, réalisa des modèles d’objets pour le service de la table ou l’exercice du culte. Beaucoup de pièces d’orfèvrerie ont aujourd’hui disparu, mais des dessins permettent d’en garder le souvenir ; il s’agit parfois de projets autographes des artistes eux-mêmes et, plus souvent, de copies de ces prototypes, réalisées sans doute par les orfèvres avant de procéder à la confection de l’objet.

Ce dessin anonyme du recueil de Peiresc est l’une des quatre répliques que l’on connaît du projet de Salviati pour cette coupe, les autres copies, datant également du milieu du 16e siècle, étant conservées à Palerme, à Madrid et au château de Windsor. Le dessin représente le riche décor de cette aiguière, ornée de profils féminins et de putti sur la panse, d’un masque grimaçant sous le bec, d’une volute en forme de sirène sur la droite et d’un couvercle atypique en forme de sphinge, dont la queue forme l’anse. Ce motif égyptien témoigne du caractère créatif et inventif de Salviati. Les motifs décoratifs de cette coupe appartiennent au répertoire ornemental antique, mais la sphinge illustre le goût de l’artiste pour les formes originales, étranges, voire extravagantes. L’élégance des lignes, la fantaisie dans les ornements et la liberté d’imagination sont caractéristiques de l’art maniériste de Salviati.

Le seul moyen de vaincre la Sphinge, cruelle hybride de femme-lion ailée, était de résoudre son énigme, un exploit que seul Œdipe parvint à accomplir. De tous les monstres, la Sphinge est celle qui affirme le plus la prévalence de l’intelligence sur la force physique.

Bibliothèque nationale de France

  • Date
    Vers 1550
  • Auteur(es)
    Francesco de'Rossi, dit Francesco Salviati. Florence, 1510 - Rome, 1563
  • Description technique
    Plume, encre brune et lavis bistre, 217 x 268 mm
  • Provenance

    BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE AA-53-BOITE ECU

  • Lien permanent
    ark:/12148/mm2162003255