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Bague « La Collerette »

Bague « La Collerette »
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La créatrice Catherine Daymard s’est inspirée ici d’un classique de la littérature : La Princesse de Clèves publié en 1678 par l’autrice française la plus célèbre du Grand Siècle, Madame de La Fayette (1634-1693). Avec ce « premier roman d’analyse psychologique », comme l'identifie Nathalie Grande, la femme de lettres signe une œuvre majeure où se raconte la progression du sentiment amoureux de la princesse de Clèves, déjà marié, pour le duc de Nemours. C’est notamment la rencontre entre les deux protagonistes lors d’un bal donné en l’honneur des fiançailles de la future princesse que Catherine Daymard évoque avec poésie dans la conception de cette bague 

« Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisaient au Louvre. Lorsqu’elle arriva, on admira sa beauté et sa parure : le bal commença ; et, comme elle dansait avec M. de Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu’un qui entrait, et à qui l’on faisait place. Madame de Clèves acheva de danser, et, pendant qu’elle cherchait des yeux quelqu’un qu’elle avait dessein de prendre, le roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna, et vit un homme qu’elle crut d’abord ne pouvoir être que M. de Nemours, qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l’on dansait. Ce prince était fait d’une sorte, qu’il était difficile de n’être pas surpris de le voir quand on ne l’avait jamais vu, sur-tout ce soir-là, où le soin qu’il avait pris de se parer augmentait encore l’air brillant qui était dans sa personne ; mais il était difficile aussi de voir madame de Clèves pour la première fois, sans avoir un grand étonnement. 

M. de Nemours fut tellement surpris de sa beauté, que, lorsqu’il fut proche d’elle, et qu’elle lui fit la révérence, il ne put s’empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s’éleva dans la salle un murmure de louanges. Le roi et les reines se souvinrent qu’ils ne s’étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. » 

Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, Paris, Librairie L. Conquet, 1889, p.46-47 

Également influencée par l’adaptation cinématographique franco-italienne de Jean Delannoy de 1961, la joaillière a donc, à travers ce bijou, « rêvé » la princesse en train de danser dans la salle de bal parée d’une « extraordinaire collerette aux généreux replis et aux mille et un éclats ». Conteuse dans l’âme, Catherine Daymard accompagne cette bague d’une réécriture poétique et imagée du roman de Mme La Fayette 

« Vêtus de somptueuses étoffes aux couleurs chatoyantes, ils dansaient ensemble, dans cette salle immense, tout illuminée d’imposants lustres finement ouvragés, que le léger souffle de la valse faisait doucement voler. Kaki, vêtue de sa longue robe de plumes, s’approcha timidement. Elle se tourna vers l’un des innombrables miroirs de la salle et croisa son reflet. Le papillon, blancheur scintillante, se posa sur son cou gracieux. "Laissez-moi vous parer de la seule chose qui vous manque pour être la princesse de ce bal" lui dit-il tout bas. Et à peine eût-il prononcé ces mots qu’une extraordinaire douceur rose orna le doigt de la jeune fille : dans la lueur des chandelles resplendissait sur sa peau une fine collerette, dont la roseur veloutée, soulevée par mille et un replis, sertie par mille et un éclats, ne faisait que répondre harmonieusement à sa propre délicatesse. Kaki, enchantée, sentit ses plumes frissonner d’émotion. Elle se retourna : tous les regards étaient posés sur elle. » 

Catherine Daymard, Conte Daymard La Collerette 

© Daymard

  • Date
    décembre 2017
  • Auteur(es)
    Catherine Daymard (née en 1963), joaillière
  • Description technique
    Or blanc palladié, opale rose, diamants
  • Provenance

    Catherine Daymard

  • Lien permanent
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