Découvrir, comprendre, créer, partager

Article

L’Agence France Presse, l’une des trois principales agences de presse dans le monde

Salle de rédaction de l’AFP au début des années 1950
Salle de rédaction de l’AFP au début des années 1950

© AFP Photos

Le format de l'image est incompatible
La Seconde Guerre mondiale marque également la fin de l’agence Havas. Mais dès la Libération, la branche information renaît de ses cendres, sous l’impulsion de journalistes issus de la Résistance. Elle s’appellera Agence France Presse.

La guerre finie, la branche information de l’ex-agence Havas (séparée de la partie publicité, qui demeurera nationalisée) renaît de ses cendres sous l’impulsion de journalistes issus de la Résistance ou ayant combattu dans l’exil. Elle s’appellera Agence France-Presse et vivra treize ans sous le régime provisoire d’un établissement public doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière.

Le renouveau

Née après la guerre des cendres de la branche information de l’ex-agence Havas, la toute jeune Agence France Presse (AFP) vit désormais séparée de la partie publicité, nationalisée. Durant treize ans, elle vie sous un régime provisoire : celui d’un établissement public, doté d’une personnalité civile et de l’autonomie financière.
Période délicate, semée d’embûches : les gouvernements de la IVe République sont « changeants », la presse française renaissante est pauvre, et l’État, qui cherche à rétablir son prestige international, doit soutenir financièrement une agence qui en est à reconstruire à la fois son réseau de correspondants et son audience mondiale, tous deux très ébranlés. La première opération de reconquête est lancée en Chine, pays où l’AFP conserve, encore aujourd’hui, une situation privilégiée.
L’effort est de taille et, bientôt, il commence à porter ses fruits. Le scoop sur la mort de Staline, le 6 mars 1953 en est un bel exemple. Grâce à son service d’écoute des radios de Moscou et des autres capitales de l’Europe de l’est, l’AFP lance un flash qui tombe un quart d’heure avant l’annonce officielle de ce décès par Radio-Moscou. Son avance mondiale va de deux minutes aux États-Unis à 30 minutes dans d’autres parties du monde.
Le « patron » de l’AFP qui aura le plus longtemps associé son nom à celui de l’agence durant cette période de renouveau est Jean Marin, un ancien de l’émission de la BBC « les Français parlent aux Français », dont le mandat durera de 1954 à 1975.

Un statut

Une loi votée en 1957 dotera enfin la grande agence française d’un statut définitif qui lui apportera, outre l’indépendance à l’égard du gouvernement, garantie par un Conseil Supérieur formé de personnalités extérieures aux pouvoirs en place, une structure et des règles de fonctionnement proches de celles d’une coopérative de l’ensemble de la presse française.

La révolution numérique

L’agence subit une véritable mutation dans les années 1980. Pour rester dans la course des agences mondiales, elle doit à la fois mettre en place un réseau de communications de plus en plus dense, se décentraliser, s’adapter aux nouvelles technologies informatiques et se doter d’un service photo international. Pour distribuer ses services sur tous les continents, l’AFP utilise trois circuits distincts, satellitaire, télégraphique et radiotélégraphique, auxquels sont reliés les téléscripteurs. De grands centres régionaux de production et de diffusion sont créés dans un premier temps à Hong Kong, Washington et Nicosie puis ensuite à Montevideo. Ils sont reliés à l’ordinateur central de Paris mais possède aussi leur autonomie informatique. C’est aussi de Paris que sont dirigés les bureaux d’Europe et d’Afrique.

La salle des télex aux bureaux de l’Agence France-Presse à Paris
La salle des télex aux bureaux de l’Agence France-Presse à Paris |

© AFP Photos

L’aventure de la photographie

En 1985, l’agence se lance dans l’aventure de la photographie. Un grand projet dont l’objectif est d’atteindre le premier rang des agences mondiales et l’ambition de réunir les meilleurs photo-reporters. Pour cela, elle doit développer des technologies de pointe pour la capture, le traitement et le transport des images.
Durant ces dix dernières années, une véritable révolution technologique s’est produite, aussi bien dans l’imagerie numérique que dans la rapidité des transmissions. Le bélinographe, ancêtre des transmetteurs d’images, créé en 1907, était encore employé dans les rédactions jusqu’à la fin des années 1980. L’arrivée du premier ordinateur de transmission d’images baptisé Dixel, développé avec le fabricant suédois Hasselblad en 1988, peut être comparée, dans cette révolution en marche, à l’apparition d’appareils de petit format, maniables et rapides comme le furent en leur temps le Rolleiflex ou le Leica.

Bélinographe
Bélinographe |

© Daniel Salles

En amont de la chaîne, l’équipement du photo-journaliste a évolué très vite au fil des années : les lourdes cantines en zinc qui transportaient les bacs à développement des images argentiques, installés le soir dans les salles de bains d’hôtel, ont laissé la place aux harnais près du corps et aux ceintures bananes qui contiennent le mini-ordinateur et l’antenne hertzienne permettant de diffuser, à partir du lieu même de la prise de vue, le cliché numérique pris une seconde avant. En 1985, chaque image noir et blanc mettait de 7, 30 à 15 minutes pour parvenir au siège ; aujourd’hui moins d’une minute suffit pour transporter des images couleurs sur des lignes à haut débit. Quatre minutes après que le champion olympique du 100 mètres a franchi la ligne d’arrivée, son image de vainqueur est dans les ordinateurs des rédactions photo de tous les journaux du monde.

Camion de photographes lors des manifestations de Mai 1968
Camion de photographes lors des manifestations de Mai 1968 |

© AFP Photos

Le département photo

Le département photo de l’AFP rassemble aujourd’hui 370 personnes dont 270 reporters-photographes, soit un réseau mondial capable de se mobiliser dans la minute. Tout comme leurs confrères du texte, les photographes ont pour mission de couvrir les événements de leur début à leur dénouement et ils se relaient sans interruption pour informer les médias 24 heures sur 24, produisant une moyenne de 1 000 photographies par jour.

Derrière ces reporters-photographes, d’autres métiers assurent la continuité de la chaîne de l’information visuelle : éditeurs, documentalistes, spécialistes de laboratoire accompagnent, hiérarchisent, retraitent, diffusent et indexent leurs images. Images de l’actualité chaude, mais aussi images qui illustrent et éclairent l’histoire de nos sociétés. Jour après jour, ces images contribuent à enrichir le fonds de l’AFP : aux 7 millions de négatifs stockés dans les archives s’ajoutent aujourd’hui 1 700 000 photos numérisées disponibles dans notre banque d’images et qui croissent au rythme de plus de 300 000 par an.

Provenance

Cet article provient du site Presse à la Une (2012), réalisé en partenariat avec le CLEMI et l’AFP.

Lien permanent

ark:/12148/mmbs0qr3d55w