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Robinson Crusoé

Daniel Defoe
Robinson transporte dans l’île sur un radeau les choses utiles de l’épave
Robinson transporte dans l’île sur un radeau les choses utiles de l’épave

Bibliothèque nationale de France

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Ce célèbre roman d’aventures de l’Anglais Daniel Defoe aborde de nombreuses questions du siècle des Lumières : le mythe de la liberté, le mythe de l’île déserte, le mythe du bon sauvage, le mythe chrétien… La force du livre réside dans l'égale importance donnée à la découverte et à l’éducation.
 

L’ouvrage est traduit en français dès 1720, sous son titre complet : « La Vie et les aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé de York, marin, qui vécut 28 ans sur une île déserte sur la côte de l’Amérique, près de l’embouchure du grand fleuve Orénoque, à la suite d’un naufrage où tous périrent à l’exception de lui-même, et comment il fut délivré d’une manière tout aussi étrange par des pirates. Écrit par lui-même. » Le héros s’exprime sans narrateur, ce qui donne encore plus de vraisemblance à son histoire, tout en affirmant aussi que la vie est un roman.

Un roman d’aventures

La crainte du danger est dix mille fois plus effrayante que le danger lui-même, et nous trouvons le poids de l’anxiété plus lourd de beaucoup que le mal que nous redoutons.

Daniel Defoe, Robinson Crusoé, 1719

En 1713, paraît le récit de l’Écossais Alexandre Selkirk, devenu marin pour fuir son microcosme et laissé seul dans une île pendant plus de quatre ans. Ce texte impressionne Defoe, qui s’y retrouve, et sera sans doute un élément déclencheur pour la genèse des aventures de Robinson Crusoé. Defoe campe un personnage haut en couleurs, déterminé et aventurier qui, très jeune, commence à parcourir le monde : naufrage, capture par les pirates, emprisonnement, évasion, les péripéties s’enchaînent et, après un naufrage alors qu’il est en route vers le Brésil, Robinson échoue seul à l’embouchure de l’Orénoque, sur une île déserte qu’il va baptiser Despair Island, l’île du désespoir. Il subvient à ses besoins, trouve une grotte puis construit un abri, fabrique un calendrier, pêche, chasse, élève des chèvres, cultive le blé, coud des vêtements.

« Je me vis possesseur d’un canot fort beau »
Robinson construit un canot |

Bibliothèque nationale de France

« Vers la fin de décembre, je pus enfin recueillir ma récolte. »
Robinson cueille sa récolte |

Bibliothèque nationale de France

Son existence va changer lorsqu’il sauve un homme des cannibales qui voulaient le tuer : la conquête de l’autonomie s’enrichit alors d’un projet éducatif puisque Robinson enseigne à Vendredi – référence au jour du sauvetage donc de sa renaissance – l’anglais et le convertit au christianisme. Robinson vivra 28 ans sur l’île avant d’être secourus à la faveur d’une mutinerie dans un navire et de regagner l’Angleterre, accompagné de Vendredi, son serviteur fidèle.

Un récit d’initiation

Au-delà des aventures, c’est un récit initiatique qui prend forme, souligné par une narration à la première personne. L’homme revenu à l’état de nature assume seul ses besoins mais il ne renonce ni à la richesse ni à la tentation de domination de l’autre car Robinson n’est pas un surhomme : c’est Vendredi qui devient son serviteur. Des thèmes récurrents du siècle des Lumières traversent ce roman : l’image de l’autre, l’ethnocentrisme, la religion, le pouvoir, la relation entre l’homme et la nature, le voyage comme découverte de soi… Defoe les explore et les met en scène dans un conte moral, suscitant interrogations et réflexions parallèlement à l’aventure.

« La vallée était toute verte et fleurie. »
Robinson explore l’île |

Bibliothèque nationale de France

« Étant arrivé près de moi, il se jette à mes genoux »
Robinson rencontre Vendredi |

Bibliothèque nationale de France

Mes conversations avec Vendredi employaient si bien mes heures, que je passai les trois années que nous vécûmes là ensemble parfaitement et complètement heureux...

Daniel Defoe, Robinson Crusoé, 1719

L’ouvrage connaît un immense succès, il est déjà traduit en plusieurs langues lorsque Defoe meurt en 1731. Son récit inspirera d’autres textes et sera même à l’origine d’un genre littéraire, la robinsonnade, dans laquelle s’inscrivent Le Robinson suisse de Johann David Wyss (1812), L’Île mystérieuse de Jules Verne (1874), Sa Majesté des mouches de William Golding (1954). Michel Tournier en 1967 reprendra l’argument dans Vendredi ou les limbes du Pacifique qu’il adapte pour la jeunesse en 1971 avec Vendredi ou la Vie sauvage. Le livre original de Defoe sera quant à lui plusieurs fois adapté au cinéma.

Provenance

Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2015).

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