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Félix Vallotton (1865-1925) en 25 dates

4 min de lecture
Autoportrait de Félix Vallotton
Autoportrait de Félix Vallotton

© GrandPalaisRmn (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

Autoportrait de Félix Vallotton

1897

« Je ne dois pas oublier un jeune artiste suisse, Félix Vallotton, qui était venu se joindre au groupe des Nabis. Il gravait, au canif, des bois que l’on pouvait voir reproduits La Revue Blanche en même temps que des dessins de ses camarades.
Vallotton devait, par la suite, sans renoncer complètement à la gravure, aborder la peinture. La probité de son dessin l’avait fait surnommer “le petit Ingres”. Et cette honnêteté qui était la marque de son art, il la communiquait ses modèles. Un jour, faisant le portrait d’une de ses compatriotes, il proclamait qu’un peintre ne doit jamais farder la vérité. Et comme il disait à la dame : “Riez...que je voie vos dents. – Ce ne sont pas mes dents”, répondit-elle. Et, toute rougissante, elle enleva son râtelier.

J’avais acquis une des premières productions du peintre, son Bain suisse qu’on me demanda pour une exposition de nus. L’exposition close, différentes circonstances m’avaient empêché d’aller réclamer mon tableau et ce fut seulement trois mois plus tard que je retournai à la galerie. Là, on m’apprit que ce n’était plus le même propriétaire. “Mais, m’assura-t-on, tous les tableaux ont certainement été rendus.” Je regardais le Vallotton comme perdu, quand quelqu’un me dit un jour :
– Eh bien ! vous avez trouvé un amateur pour votre Bain suisse ?
– Comment ça ?
– En passant dans la rue de la Roquette, j’ai aperçu, par une fenêtre ouverte, une toile qui ressemble joliment à votre Vallotton.
Je réussis à retrouver la maison. C’était celle d’un déménageur. Et c’était bien mon Vallotton qui était chez lui. Il m’expliqua qu’après l’exposition, la galerie devant être mise à neuf, on lui avait dit qu’il pouvait emporter tout le fouillis, quelques chaises cassées, de la vaisselle dépareillée et, enfin, cette grande toile qui faisait rigoler tout le monde.
– Ma femme, m’expliqua-t-il, avait d’abord voulu s’en servir pour remplacer la toile cirée de notre table de salle à manger ; mais ce n’était pas assez souple. Pas moyen non plus de s’en débarrasser même pour cent sous ; dans le quartier, personne n’en voulait. Alors comme, dans une chambre qui est un peu humide, le papier s’était décollé, on a pendu la toile au mur en attendant que mon garçon ait le temps d’y passer une couche de peinture dans le ton de la pièce.
Je donnai dix francs au déménageur et je repris mon tableau. »

Ambroise Vollard, Souvenirs d’un marchand de tableaux, Paris, A. Vollard éditions, 1937, p. 237.

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© GrandPalaisRmn (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski

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1865
Naissance à Lausanne le 28 décembre.

1882-85
Après avoir fini sa scolarité, il vient à Paris et suit les cours de l’académie Julian.

1885
Il commence la rédaction de son journal, Livre de raison, et expose pour la première fois au Salon des Champs-Élysées, où un autoportrait gagne un prix l’année suivante.

1890
Début de sa carrière de critique : il écrit sur le Salon des Indépendants pour la Gazette de Lausanne, pour laquelle il continuera régulièrement à écrire des chroniques.

1891
Première gravure sur bois.

Autoportrait de Félix Vallotton

Autoportrait de Félix Vallotton

L'Art et l'idée, 20 janvier 1892

« Félix Vallotton occupe, dans l’histoire de notre peinture contemporaine, une place particulière et importante : celle de l’artiste qui n’a jamais cédé à quelque concession que ce soit, qui est demeuré lui-même, imperméable aux influences ambiantes, qui a obéi à sa vision et en a tiré les expressions d’un art profondément personnel. […]
L’art de Vallotton, c’est l’homme lui-même. Jamais de bavardage. Des mots, réfléchis ou spontanés, qui visent au trait rapide, direct. À son ordinaire, Vallotton était silencieux. Dans son silence il y avait parfois, mais cachées, de la sympathie, de l’émotion, de la passion ; il y avait, encore, une timidité mêlée à un torturant orgueil. Dès son jeune âge, Vallotton a dû refouler sa tendresse. Silence et repliement sur soi font naître en lui un observateur continuel. Observateur prodigieusement lucide, il ne néglige jamais le détail exact, il le note impitoyablement, malgré l’extrême pudeur de ses sentiments et de ses idées, malgré cette pudeur, ou, peut-être, à cause d’elle – pour une délectation secrète.
De cette délectation intime est né tout l’art de Vallotton. »

Charles Fedgal, « Félix vallotton », in L’Amour de l’art, 1er janvier 1933

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Bibliothèque nationale de France

Autoportrait de Félix Vallotton |

Bibliothèque nationale de France

1892
Sa carrière est lancée après la publication de l’article « La renaissance de la gravure sur bois : un néo-xylographe, M. Félix Vallotton » par Octave Uzanne dans la revue L’art et l’idée, le 20 janvier.
Il expose au Salon des Indépendants, au premier Salon de la Rose+Croix, et au Salon du Champ-de-Mars.

1893
Il rejoint le groupe des Nabis, affublé du surnom « Le Nabi étranger », et se lie d’amitié avec Vuillard qui lui présente les Natanson.
La manifestation est publiée dans le premier album de L’Estampe originale d’André Marty.
Il expose avec les Nabis chez Le Barc de Boutteville.

1894
Il expose à l’inauguration du Salon de la Libre esthétique de Bruxelles.
Il écrit pour la première fois dans La Revue blanche, dont il deviendra un collaborateur régulier jusqu’en 1902.

1895
Rencontre avec Julius Meier-Graefe, qui diffusera son travail en Allemagne.

1896
Publication de la série Les instruments de musique.

1897
Début de sa collaboration avec la revue Le Cri de Paris.
Il expose avec les Nabis chez Amboise Vollard.

1898
Publication et exposition du portfolio Intimités aux Éditions de La Revue blanche.

1900
Il est naturalisé français mais garde la double nationalité.
Il écrit son premier roman, Les soupirs de Cyprien Maurus.

1902
Sa série Crime et châtiments est publiée dans un numéro spécial de L’Assiette au beurre.
Il illustre Poil de Carotte de Jules Renard aux éditions Flammarion.
Après une dernière livraison à La Revue blanche, il abandonne la gravure pour se consacrer à la peinture.

1903
Malgré son éloignement du groupe des Nabis, il expose, conjointement à Vuillard, 75 peintures chez Bernheim-Jeune.

1906
Alors qu’il peint principalement des nus, il expose au Salon des Indépendants.
Première exposition personnelle à la galerie Bernheim-Jeune.

1907
Il écrit son second roman, La vie meutrière.

1909
À l’occasion d’un long séjour à Honfleur, il renoue avec la peinture de paysage.
Alors, qu’il vend de plus en plus, Eugène Druet devient son agent à Paris.

1912
Il refuse la Légion d’honneur.

Le Bain

Le Bain

Félix Vallotton pour l’album VIII de L’Estampe originale, 1894
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Bibliothèque nationale de France

Le Bain |

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1914
Exposition personnelle à Lausanne, à l’antenne de la galerie Bernheim-Jeune, tenue par son frère Paul.
À la déclaration de la guerre, il veut s’engager dans l’armée mais n’est pas pris en raison de son âge.

1915
Après une période d’inactivité, il renoue avec la gravure sur bois avec la série C’est la guerre !

1917
Envoyé par l’armée, il se rend sur le front et présente huit paysages de guerre à l’exposition « Peintre aux armées » du musée du Luxembourg.

1918
Il écrit son troisième roman, Corbehaut.

1924
Alors qu’il est de plus en plus exposé, en France comme à l’international (beaucoup aux États-Unis), il achète un terrain à Cagnes-sur-Mer.

1925
Il meut des suites d’une opération de son cancer le lendemain de son 60e anniversaire, le 29 décembre.

« L’Âge du papier » de Félix Vallotton

« L’Âge du papier » de Félix Vallotton

Publié dans Le Cri de Paris, n° 52
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« L’Âge du papier » de Félix Vallotton |

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