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Le Voyage autour du monde de Bougainville

Portrait de Bougainville
Portrait de Bougainville

Bibliothèque nationale de France

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Savant précoce, marin audacieux, Bougainville offrit à la France son premier tour du monde, ouvrit les portes de Tahiti à l’imaginaire européen et marqua durablement la littérature de voyage.

Né à Paris le 12 novembre 1729, Louis-Antoine de Bougainville reçut une solide formation scientifique et suivit les cours de l’astronome Clairaut. À vingt-deux ans, il publia un Traité de calcul intégral qui attira sur lui l’attention des milieux savants. Officier dans l’armée de terre, secrétaire d’ambassade à Londres, il servit ensuite au Canada comme aide de camp du marquis de Montcalm, expérience qui éveilla son goût pour les voyages lointains.

Développement de la route faite autour du monde par les vaisseaux du roi La Boudeuse et L'Étoile
Carte du voyage de Bougainville par lui-même, 1771 |

Bibliothèque nationale de France

En 1763, il passa dans la marine, sous la protection du duc de Choiseul. Après une tentative de colonisation aux îles Malouines, Louis XV lui confia en 1766 une mission scientifique d'exploration vers le « continent austral » : son but était de rechercher de nouvelles terres, de possibles épices, et d'enrichir les connaissances géographiques. À bord de La Boudeuse et de L’Étoile, il quitta Brest, fit escale au Brésil, franchit le détroit de Magellan et, traversant le Pacifique, aborda Tahiti en avril 1768, île bientôt idéalisée comme une « Nouvelle Cythère ». L'expédition, menée avec un cartographe, un astronome et le naturaliste Philibert Commerson, fit escale le 8 novembre 1768 à l’île de France (aujourd’hui l’île Maurice), après la traversée de l'Océan Indien, et s'acheva en 1769, sans avoir percé le mystère des terres australes, continent imaginaire qu'on pensait couvrir une grande partie de l'hémisphère sud.

Je suis voyageur et marin, c’est-à-dire un menteur et un imbécile aux yeux de cette classe d’écrivains paresseux et superbes qui, dans l’ombre de leur cabinet, philosophent à perte de vue sur le monde et ses habitants, et soumettent impérieusement la nature à leurs imaginations.

Louis-Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde, 1771

Tour du monde de Bougainville
Tour du monde de Bougainville |

© Bibliothèque nationale de France

Deux ans plus tard, Bougainville publia son Voyage autour du monde (1771), premier récit de circumnavigation rédigé par un officier de la marine royale. Son style clair et sa culture classique séduisirent le public. Les descriptions des paysages et des peuples rencontrés, notamment les Tahitiens — présentés comme des incarnations du « bon sauvage », beaux, à l'existence simple, ignorants de la pudeur et de la propriété — alimentèrent les débats philosophiques des Lumières.

Nous les avions crus presque égaux entre eux, ou du moins jouissant d'une liberté qui n'était soumise qu'aux lois établies pour le bonheur de tous. Je me trompais, la distinction des rangs est fort marquée à Tahiti, et la disproportion cruelle.

Louis-Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde, 1771

S'il n'est pas le découvreur de l'île de Tahiti, visitée quelques mois auparavant par Samuel Wallis, c'est son récit qui la fait connaître en France et en Europe. Plusieurs auteurs des lumières, notamment Diderot qui rédigea dès 1772 un Supplément au Voyage de Bougainville, publié seulement de manière posthume. Le Voyage de Bougainville marque donc une étape importante dans la littérature maritime et philosophique du Siècle des Lumières.

Vue de la Nouvelle-Cythère, découverte par M. de Bougainville en 1768
Vue de la Nouvelle-Cythère, découverte par M. de Bougainville en 1768 |

Bibliothèque nationale de France

Promu chef d’escadre en 1779, Bougainville prit part aux opérations navales de la guerre d’Indépendance américaine (1778-1782). Élu à l’Académie des sciences en 1789, il fut brièvement emprisonné pendant la Terreur avant de servir de conseiller scientifique au ministère de la Marine, préparant notamment le voyage de Baudin en Australie (1800-1803). Sénateur et comte de l’Empire, il mourut à Paris le 20 août 1811.

Provenance

Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2015).

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