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Le scribe dans les sociétés antiques

Un scribe au travail
Un scribe au travail

Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Daniel Lébée

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Toute écriture est un secret, et seule la connaissance du code permet de passer du visible au lisible. L’écriture ne livre donc son sens qu’à celui qui en entreprend l’apprentissage. Longtemps, celui-ci est resté réservé à un nombre restreint de lettrés, les scribes.

Dans les civilisations antiques mésopotamienne, égyptienne et chinoise, le scribe appartenait à l’élite de la société. La caste des lettrés de l’empire chinois des Han détenait seule la clé des milliers de caractères qu’elle avait mis au point. Dans l’Inde ancienne, les inscriptions officielles étaient confiées à la classe des kdyqshta. En Mésopotamie et en Égypte, on distinguait l’écrivain public et l’employé d’État, d’une part, qui rédigeaient les actes de la vie quotidienne, des lettrés et savants, d’autre part, qui étaient des maîtres de la création littéraire et scientifique, de l’édition, de la mémoire historique et du devenir des rois et des peuples.

Tablette d’écolier
Tablette d’écolier |

Photo (C) Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Christian Larrieu

Leurs systèmes éducatifs nous sont connus par des récits sur l’école et par des exercices laissés par les élèves et étudiants, allant de la copie de signes simples à celle d’une œuvre littéraire. En Égypte, des recueils classaient les mots par matière. L’immense corpus de listes, transmis par les scribes mésopotamiens, classant les mots de leurs langues et les signes de leur écriture, constituait la base de leur enseignement. Le roi d’Assyrie, Assurbanipal, vers 650 av. J.-C., exalte le caractère initiatique de la connaissance des scribes et le bilinguisme du savoir : « J’ai appris les trésors cachés du savoir des scribes ; je lis l’ingénieux sumérien et l’obscur akkadien difficiles à maîtriser. »

Un scribe au travail
Un scribe au travail |

Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Daniel Lébée

Le scribe égyptien s’appelait sesh, c’est-à-dire « celui qui utilise le pinceau » ; le terme mésopotamien est dub-sar, ou « celui qui écrit la tablette », ce qui résume les outils de base des écritures égyptiennes sur papyrus et de l’écriture cunéiforme sur argile. Les scribes « sur tablettes de bois » de l’Empire hittite et de la sphère alphabétique araméenne ayant pénétré le monde mésopotamien constituent une autre catégorie de spécialistes. Dans la Bible, le terme s’applique aux docteurs de la Loi. L’écriture alphabétique, accessible à tous et considérée par les lettrés des vieilles civilisations de l’écriture comme une régression de l’art des scribes, a tué peu à peu le caractère prestigieux de la fonction de scribe.

Provenance

Cet article provient du site L'aventure des écritures (2002)

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