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Le Livre de chasse de Gaston Phébus

Le repas de chasse
Le repas de chasse

© Bibliothèque nationale de France

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Grands chasseurs, les seigneurs médiévaux étaient aussi amateurs d'ouvrages de vénerie et de fauconnerie. En Angleterre, en Italie, en Allemagne, en France, les livres de ce type abondent, souvent traduits et retraduits, et parfois admirablement illustrés. L'un des plus célèbres, voire le plus célèbre, est assurément le Livre de Chasse de Gaston Phébus, comte de Foix.
Chiens de chasse
Chiens de chasse |

Bibliothèque nationale de France

Le Livre de la chasse que Gaston III (1331-1391), dit Gaston Phébus, comte de Foix, dédie en 1389, au duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, est un art de vénerie. Ce grand seigneur poète, habile politique et bon administrateur, ami et protecteur des lettres et des arts, vit entouré d'une cour fastueuse. C'est aussi un homme violent, responsable de la mort de son fils unique. Rompu aux exercices les plus brutaux, il est grand chasseur. C'est avec expérience et passion que Gaston Phébus, alors âgé de cinquante-sept ans, rédige ce traité personnel et original, dans un excellent français ponctué de quelques caractères normands-picards, alors que sa langue maternelle est la langue d'oc parlée à la fin du 14e siècle dans le comté de Foix. Il y passe en revue tous les aspects de la chasse médiévale, animaux à chasser, chiens, pages, valets et veneurs, pièges...

Le renard
Le renard |

Bibliothèque nationale de France

Le livre se compose d'un prologue et d'un épilogue encadrant sept chapitres dont les deux premiers, « De la nature des bêtes » et « De la nature des chiens », sont un embryon d'histoire naturelle descriptive. Le texte est particulièrement novateur car son auteur laisse de côté toute considération morale pour décrire les bêtes et leurs mœurs selon ce qu’il en sait d’expérience. Il décrit ainsi tour à tour les cerfs, « dont la chasse est la plus noble », les rennes, qu’il a vus sur les rives de la Baltique un jour qu’il était allé porter secours aux chevaliers teutoniques, les daims, les bouquetins et les isards – qui ne sont pas si communs, dit-il –, le chevreuil, agréable à chasser, le lièvre, plein de malice, l’ours, que sa mère lèche à sa naissance – d’où l’expression « un ours mal léché » – et qui grimpe aux arbres, le loup, dont on fait de bonnes moufles, mais dont la peau a une odeur repoussante, le blaireau, le renard, la loutre et le chat sauvage. Puis il étudie les chiens : il loue leur fidélité, leur force, leur obéissance ; il détaille les races et leurs spécialités – les dogues sont « mal taillés et malgracieux » alors que les lévriers sont « courtois et gracieux ».

Gaston Phébus ne dit pas un mot du cheval, qui, pour la chasse, est au Moyen Âge un cheval d’armes. En revanche, il détaille les éléments qui permettent de reconnaître la présence des animaux dans les bois : les frayoirs, c’est-à-dire les endroits où les animaux se sont frottés aux branches, les reposées, c’est-à-dire les lits d’herbes où l’animal s’est couché, les foulées, etc. Il explique ensuite les différents types de chasse, qui sont assez proches de celles que l’on pratique aujourd’hui.

L’œuvre de Gaston Phébus connut un succès certain dans les milieux aristocratiques. De superbes manuscrits illustrés explicitèrent en image son propos. Quarante-quatre copies du Livre de chasse sont actuellement connues. La Bibliothèque nationale de France en conserve au département des manuscrits deux exemplaires :

  • le français 619, le plus ancien connu de nos jours
  • le français 616, doté de riches enluminures.

Provenance

Cet article provient du site Le Livre de chasse de Gaston Phébus.

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