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Les trois ordres de la société

Les trois états de la société médiévale
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Le roi
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Le prince
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Le cardinal
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Le clerc séculier
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Le deuxième laïc
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Les marchands au long cours
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Les murailles
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Le pont
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Les petits marchands
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Les semailles
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L'élevage
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L'exploration de cette enluminure du 15e siècle est l'occasion de découvrir comment la société médiévale se représente sa structure et son organisation. À une époque où les villes et le commerce ont pris une importance nouvelle, bourgeois et commerçants occupent désormais un quart de l'image.

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Les trois états de la société médiévale

Le Régime des princes

Cette enluminure représente un triptyque sur deux registres, fondé sur la théorie des « trois ordres ». Il est composé d’une image panoramique dédiée aux deux premiers états de la société au registre supérieur, et de deux images carrées dédiées au troisième état de la société au registre inférieur. Cette disposition obéit à la hiérarchie interne de la société médiévale : en haut ceux qui gouvernent (le gouvernant, à savoir le roi et son fils), entourés de ceux qui prient (oratores) et de ceux qui combattent (bellatores), en bas ceux qui sont gouvernés (ceux qui travaillent, laboratores).

Le Régime des princes fut composé en 1279 par Gilles de Rome, précepteur du roi Philippe le Bel. Il s’agit d’un « miroir des princes », genre littéraire destiné à l’origine à l’éducation de fils de roi et devenu à la mode depuis le 12e siècle. Composé de trois parties consacrées au gouvernement de soi, de sa famille et de son royaume, l’ouvrage fut traduit au 15e siècle et copié à de nombreux exemplaires, d’abord pour de jeunes aristocrates de haut rang, puis pour des notables marchands.

Cette page enluminée, peinte à la première page du livre, résume le contenu de l’ouvrage et en constitue le frontispice. Elle fait partie du manuscrit exécuté pour l’échevinage de Rouen vers 1450, une des grandes villes marchandes de France, ouverte sur le commerce à longue distance grâce à sa position portuaire. L’enluminure présente les trois ordres de la société médiévale : ceux qui prient, ceux qui combattent et ceux qui travaillent.

Le roi

Le roi, sans doute Philippe IV, est couronné et vêtu d'une robe fourrée d'hermine, parure réservée à la famille royale. Le sceptre à la main, il exerce son pouvoir, assis sur le trône, les pieds resposant sur un large coussin. Le trône royal est une chaire entièrement recouverte d'une tenture teinte en bleu, couleur du royaume de France. Le « ciel » de la tenture, rouge, est parsemé d'étoiles. Une tenture murale de même nuance, au motif fleuri, symbole de fertilité, orne le mur du palais royal. Les somptueux textiles, brodés d'or, des tentures ont pour fonction de mettre le roi en valeur, de le désigner aux yeux de tous comme le principal  « artisan » du bon gouvernement. 

Le prince

Comme le roi, le prince est vêtu d'hermine, et une couronne, de moindre taille que celle de son père, orne son chef. Sa robe est parsemée de broderies au motif de l'aigle, les ailes déployées. Le prince est debout à la gauche de son père : il apprend de ce dernier les rudiments de son futur métier de roi. Ses mouvements de main démontrent qu'il participe pleinement à la discussion que le roi son père entretient avec les représentants de l'Église : le roi tient en effet son pouvoir de Dieu. 

Le cardinal

Le cardinal, en costume rouge et large chapeau à pompons, est le plus proche du roi : il est le représentant direct du pape. Ce dernier, rival immédiat des rois, n'apparaît pas. 

Les évêques

Les évêques portent une mitre blanche et rouge, ornée de pierreries, et une chape bleue brodée d'or, qui rappelle la robe princière et la tenture royale. L'accessoire signe de leur pouvoir est la crosse aux volutes dorées pour l'un, la croix processionnelle pour l'autre. Les évêques sont à la tête des diocèses. Ce sont les « bons pasteurs », sous la houlette de qui se tiennent les laïcs. Ils sont responsables du bon enseignement de la foi, elle-même soutien du pouvoir royal. Ils ne se contentent pas de prier. Certains d'entre eux assurent, traditionnellement, la fonction de conseiller du roi : ils ont pour mission de le rappeler sans cesse à ses devoirs. 

Le clerc séculier

Le clerc d'Église en costume civil est un clerc séculier, c'est-à-dire vivant « dans le siècle », comme les prêtres qui se vêtaient effectivement en civil hors des cérémonies religieuses. Il tient un rouleau de parchemin à la main, évocation du rôle administratif d'une partie d'entre eux. Le parchemin renvoie vraisemblablement à la chancellerie royale, ce « nouveau milieu culturel », une des grandes institutions monarchiques établies à Paris, au début du 14e siècle. La chancellerie regroupe les notaires et les secrétaires du roi, qui rédigent les lettres royales. Ils assurent concrètement la gestion du royaume et doivent être attentifs à la bonne application des décisions du roi ; ils sont surtout responsables de l'enregistrement de la justice, une prérogative royale. 

Le premier laïc

Par la richesse de sa parure et sa position, immédiatement derrière le prince, ce laïc apparaît comme le plus puissant du groupe ; c'est un conseiller direct du roi. Son long chaperon est harmonieusement drapé et piqué de bijoux sertis de pierres précieuses. Sa longue robe est doublée d'une fourrure aux reflets dorés et tenue par une large ceinture ponctuée de clous décoratifs en or. 

Le deuxième laïc

Ce laïc, en seconde position derrière le prince, est de moindre importance que le premier laïc qui se tient devant lui : sa robe est moins longue, la fourrure moins débordante, la ceinture moins large, et son chaperon est démuni de bijoux. Sa robe verte, couleur de le jeunesse, laisse penser également qu'il est plus jeune. 

Les marchands au long cours

Près du bateau de commerce, deux marchands autochtones, riches et élégants, vêtus de robes fourrées, teintes de couleurs vives, négocient avec deux marchands venus de loin. Ces derniers portent des habits de voyage, cape et chapeau posé sur le chaperon, et se tiennent au pied même de la passerelle du navire. La négociation entre les marchands se manifeste par l'échange monétaire et la pression des mains, qui scelle l'accord. Tous ont, soit à la main, soit à la ceinture, une aumônière de tissu bleu ou une bourse de toile blanche qui évoque aussitôt les pièces de monnaie aux yeux des lecteurs médiévaux. 

Les murailles

La ville est protégée par un large châtelet d'entrée et une muraille flanquée de tours derrière laquelle se pressent les pignons des maisons. Les remparts ont souvent été reconstruits à l'issu de la guerre de Cent ans. 

Le pont

Un large pont pavé à péage enjambe le fleuve. On observe, au point de non-retour du pont, des croix protectrices censées empêcher les passants de tomber ou le pont d'être emporté par les eaux. 

Les petits marchands

Des marchands se déplacent par voie terrestre, à cheval. Leurs petites silhouettes, sur toute la longueur du champ visuel, soulignent leur importance numérique. Destinée à une organisation commerciale, l'échevinage de Rouen, l'image privilégie le rôle des marchands par rapport à celui des paysans, autrefois seuls représentants, encore dans les images du 13e siècle, du monde du travail, et désormais supplantés par les commerciaux. 

Le labourage

Les laboureurs sont les plus riches des paysans. Le maître d'attelage, richement vêtu, avec sa robe rouge bien teinte, laboure un champs à la charrue tirée par deux chevaux. Derrière lui, un paysan, armé d'un fouet, passe la herse, également tirée par un cheval, pour enfouir les semences dans la terre. De son fouet, il encourage les chevaux à avancer plus vite : la nervosité des équidés, supérieure à celle des bœufs, assure un travail plus rapide et donc plus efficace. Souvent représenté dans les calendriers pour figurer les mois d'octobre ou novembre, le labourage est en réalité pratiqué plusieurs fois dans l'année. La charrue est en général tirée par des boeufs ; ici, l'attelage est chevalin. Au 15e siècle, les paysans disposent de chevaux de trait, autrefois réservés à la noblesse, seule apte à assurer l'entretien et la nourriture de ces animaux exigeants. L'invention du collier d'épaule, depuis le 11e siècle, a encore accru l'efficacité des bêtes de traits, qui profitent de l'impulsion musculaire sans être étouffés, au niveau du cou, par les anciens colliers de gorge. 

Les semailles

Les semailles se déroulent en automne, aux mois d'octobre ou de novembre. Le paysan jette à la volée les semences dans son tablier de semailles ; il sème du blé, base de l'alimentation, denrée dont les fluctuations de prix reflètent fidèlement l'état de l'économie. 

La viticulture

La viticulture est une activité agricole essentielle au monde médiéval. Elle se déroule au mois de mars et se décline ici en deux temps : le bêchage de la terre, en vue des façons, figuré par un homme en vêtements bruns ; et la taille de la vigne à la serpette, représentée par l'autre homme au chaperon rouge vif. 

Le château

Le château, au centre du paysage rural, évoque le maillage administratif auquel sont soumises les campagnes. Le château n'est pas seulement le lieu de vie de la classe aristocratique, ni seulement un ouvrage défensif voué à la vie militaire. C'est avant tout un bâtiment administratif : c'est là que les paysans ou artisans se rendent pour obtenir justice et payer leurs impôts, mais aussi pour profiter des « banalités », au premier rang desquelles le moulin, le pressoir, et le four à pain. Ces infrastructures économiques sont si coûteuses d'entretien que seuls les seigneurs peuvent en assurer la charge. 

Les tailleurs de pierre

Les tailleurs de pierre sont au service des maçons. Aussi sont ils figurés par un homme de moindre taille, qui travaille au pied d'une montagne, d'où il extraie la pierre, taillant des blocs à l'aide d'une pic. 

Les maçons

Les maçons, chargés de la construction en pierre, sont représentés par l'homme qui calibre les moellons et vérifie la régularité de leurs angles à l'aide d'une équerre de bois. 

L'élevage

Au pied d'un château qui domine le paysage, s'organise l'élevage. Cette activité est essentielle pour nourrir en viande les habitants. Les paysans en consomment en abondance, même s'il ne s'agit pas des meilleurs morceaux, mais de la « grosse viande » préparée en plats bouillis. L'élevage permet aussi de se fournir en laine. L'industrie lainière est financièrement l'une des plus importantes industries médiévales. La laine a une énorme valeur et les teintures de bonne qualité sont très coûteuses. L'élevage correspond au plus haut niveau du commerce médiéval, il est un des symboles de l'exercice du pouvoir. À la même date, dans un autre livre d'instruction, le roi est figuré en berger tondant ses moutons, avec l'avertissement de ne point les tondre trop ras, de même qu'un roi ne doit pas « tondre » ses contribuables de trop près.