Découvrir, comprendre, créer, partager

Personnalité

Julien Gracq

Écrivain
1910-2007
Julien Gracq
© Claudine Guéniot
Écrire comme on se jette à l'eau
Julien Gracq, Sur Jean Paulhan, 1969

« Le dernier des classiques » a-t-on souvent dit de Julien Gracq. Son œuvre romanesque et critique, écrite dans une langue somptueuse, illustre une conception exigeante de la littérature. À l’écart des modes, affranchi des prescriptions de l'opinion et rétif à tout enrôlement idéologique, Gracq n’a jamais admis pour son art que trois impératifs : la liberté, la qualité, l’intégrité. C’est au nom de cette exigence qu’en 1951 il refuse le prix Goncourt qui lui était décerné pour Le Rivage des Syrtes.

Que Julien Gracq cultive sa liberté ne signifie pas qu’il se croie exempt de dépendance ou de dettes. Il écrit en lisant et expose sans fausse honte le terreau littéraire sur lesquels poussent ses œuvres. Plus largement il conçoit l’homme comme tirant sa sève du monde et relié en profondeur à son environnement. On le croit écrivain du refus quand il choisit l’assentiment.

Il y a bien des façons d’entrer dans son œuvre : on peut suivre le promeneur et le géographe décrivant merveilleusement « la face de la terre », éprouver les climats d’attente ou de montée d’orage de ses romans, lire par-dessus son épaule pour embrasser un vaste héritage littéraire, enfin, constater la lucidité d’observations, qui, aujourd’hui, alors qu’une plus grande sensibilité écologique s’impose à nous, paraissent visionnaires On ne court guère d’autre risque que de se laisser gagner par la puissance d’évocation d’une extraordinaire prose poétique.

Pour aller plus loin