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Les textes fondateurs du judaïsme

Rouleau de la Torah
Rouleau de la Torah

© Bibliothèque nationale de France

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Le plus ancien des trois monothéïsmes se fonde à la fois sur une tradition orale, le Talmud, et sur un texte écrit, la Torah. Cela crée des rapports subtils entre la Parole divine, son interprétation et sa transmission par les hommes.

Le judaïsme s’appuie sur un double enseignement, écrit et oral :

  • la Torah, dont la racine signifie « enseignement », désigne les cinq livres du Pentateuque, plus largement la Bible hébraïque en son entier (Pentateuque ou Torah, Prophètes ou Neviim, Hagiographes ou Ketouvim, formant par contraction le Tanakh), et par extension le corpus entier des écrits fondateurs du judaïsme ;
  • le Talmud, commentaire oral du texte biblique transmis de génération en génération, matérialisation de la « Loi qui est sur la bouche ».

La Torah

Des incertitudes demeurent dans l’éclairage des étapes de la rédaction du texte biblique. La rédaction du Pentateuque, communément attribuée à Moïse par la tradition croyante, est aujourd’hui rajeunie de plusieurs siècles par les derniers travaux des historiens. Par ailleurs, les plus anciennes traces actuellement conservées sont très tardives : le plus ancien manuscrit d’un livre de la Bible hébraïque, le livre de Samuel, découvert à Qumran en 1947, est daté du 3e siècle avant notre ère, soit plus d’un millénaire après la date supposée de la Révélation.

Toutefois, le texte biblique lui-même comporte des indications de dates ; il semble attester que, par-delà les quelques ensembles de textes datables du 10e ou 9e siècle, l’essentiel de la rédaction du Livre se serait fait en deux temps : d’abord le Pentateuque, sous le règne du roi Josias (7e siècle avant notre ère), puis les écrits prophétiques, cinq siècles plus tard. Le chapitre VIII de Néhémie raconte comment le prêtre Esdras, dont la tradition fait un égal de Moïse dans la connaissance de la Torah, lut à Jérusalem, lors d’une fête de Pâque exceptionnelle, la Loi de Moïse au peuple assemblé, tandis que les Lévites l’expliquaient à ceux qui en avaient oublié le sens pendant l’exil à Babylone. Il s’agissait sans doute principalement du Pentateuque.

Une bibliothèque de livres sacrés
Une bibliothèque de livres sacrés |

© Bibliothèque nationale de France

Exception faite des fragments découverts dans la Gueniza du Caire, les deux seuls manuscrits complets de la Bible hébraïque aujourd’hui disponibles, le codex de Leningrad et le codex d’Alep, sont datés du 10e siècle ; fruit d’un travail d’harmonisation de différentes versions et de fixation du texte, ils renferment le corpus canonique de la Bible hébraïque, ne retenant que les textes transmis en hébreu et se distinguant ainsi de la version grecque des Septante. Par ailleurs, au moyen d’un système de notation dit « massore », ils précisent l’écriture et la ponctuation d’un texte jusqu’alors transmis d’un seul bloc et en fixent la vocalisation car il était devenu nécessaire d’en lever les ambiguïtés, l’hébreu, écriture consonantique, ne notant pas les voyelles. Le texte hébreu ainsi copié a été transmis au cours des siècles jusqu’aux premiers imprimeurs qui effectuèrent à leur tour un travail d’harmonisation des différentes versions. Les bibles qu’ils ont imprimées ont fixé le texte et sa présentation jusqu’à nos jours.

Le Talmud

Le second ensemble des écrits sacrés du judaïsme est constitué par la « Loi orale » que les rabbins avaient interdit de coucher par écrit ; son corpus est composé du Talmud, du Midrach et de la halakhah, regroupant récits et ensemble des lois qui régissent la vie juive. La tradition relate avec précision les circonstances de sa transmission par Moïse : d’abord de Moïse à Aaron seul, puis de Moïse à Aaron en présence de ses deux fils, puis aux trois précédents en présence des anciens. Alors Moïse se retirait pour céder la parole à Aaron, puis Aaron à ses deux fils, puis les deux fils aux anciens, de sorte que chacun l’ait entendu plusieurs fois.

Vers le 3e siècle, le corpus étant devenu trop volumineux et les persécutions s’amplifiant, le risque de perdre cet enseignement contraignit les rabbins à lever l’interdiction ; on entreprit alors de l’authentifier et de le transcrire au nom de ceux qui l’avaient délivré. Postérieurs à la Bible dans sa forme écrite, les plus anciens manuscrits connus de la Michnah proviennent de la Gueniza du Caire ; peu sont parvenus intégralement jusqu’à nous. L’imprimerie joua là aussi un rôle considérable en contribuant à fixer le texte.

Abrégé du Talmud d’Asher ben Jehiel
Abrégé du Talmud d’Asher ben Jehiel |

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