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Antoine Galland, traducteur des Mille et Une Nuits

Le parcours d'un érudit orientaliste
Antoine Galland traducteur des Mille et Une Nuits
Antoine Galland traducteur des Mille et Une Nuits

Bibliothèque nationale de France

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En 1704 paraît à Paris le premier volume d'une série de contes orientaux : les Mille et Une Nuits. Derrière la parution de ces textes se profile la figure d'Antoine Galland, érudit et polyglotte.

Des voyages formateurs à Constantinople et au Levant

Septième enfant d'une modeste famille picarde, orphelin de père à quatre ans, Antoine Galland témoigne très tôt d'un intérêt pour les lettres qu'encourage sa mère. Éduqué au collège de Noyon, il apprend ensuite le grec et l'hébreu auprès du chanoine de la ville, puis parfait sa formation d'érudit en apprenant aussi bien l'arabe que le turc et le persan. À quinze ans, il est ainsi déjà reconnu comme « secrétaire en latin » et « savant en langues orientales ».

En qualité de secrétaire particulier, il accompagne l'ambassadeur français, le marquis de Nointel, à Constantinople en 1670. Ce premier séjour dure cinq ans dont témoignent les premières années de son Journal (1672-1673). S'il séjourne dans la capitale de l'Empire ottoman, Galland suit aussi le marquis de Nointel dans une croisière d'un an et demi en Méditerranée orientale.

Paysage oriental
Paysage oriental dans le journal d'Antoine Galland, 1673 |

Bibliothèque nationale de France

De retour à Paris en 1675, il repart rapidement pour un second voyage de quatre ans au Levant. En 1679, engagé par la compagnie des Indes Orientales, il entreprend son troisième et plus long périple en Orient ; nommé « antiquaire du roi », il accumule médailles, monnaies et manuscrits pour la bibliothèque de Colbert et le Cabinet du Roi.

La traduction des Mille et Une Nuits

À quarante-deux ans, en 1688, il rentre définitivement en France. Il s'installe tout d'abord à Paris, où il travaille pour la « bibliothèque orientale » de Barthélémy d'Herbelot, avant de partir en Normandie, où il est chargé d’enrichir et de cataloguer les collections du conseiller d'État Nicolas-Joseph Foucault. C’est au cours de cette période qu’il se consacre à la traduction des contes arabes des Mille et Une Nuits, qui commencent à paraître en 1704.

Les Mille et Une Nuits
Manuscrit des Mille et une nuits utilisé par Galland pour sa traduction, Égypte ou Syrie, 14e-15e siècle |

Bibliothèque nationale de France

Galland se fonde en premier lieu sur un manuscrit en trois volumes, datant du 15e siècle, qu'il a fait apporter d'Alep en 1701. Encore de nos jours, ce manuscrit, conservé à la Bibliothèque nationale de France, est l'un des plus anciens témoignages des Nuits. La traduction qu'il en propose mêle habilement volonté d'exactitude et liberté stylistique ; en ce sens, son œuvre marque un moment de l'histoire de la traduction.

C'est autant qu'il m'a été possible, l'arabe rendu en bon français, sans m'être attaché servilement aux mots arabes.

Antoine Galland, Lettre à Gisbert Cupert, 1702

Mais, venu à bout de ses sources, l'érudit ne se contente pas d'écrits. Il profite du passage à Paris d'un certain Hanna Dyab, chrétien maronite venu d'Alep en tant que serviteur du voyageur Paul Lucas, pour se faire réciter de nouveaux contes en arabe. Dans son Journal, il note ces quatroze récits sous forme de résumés plus ou moins détaillés, puis les réécrit et les adapte en français. Ce faisant, il fait aussi bien œuvre d'écrivain que de traducteur. Cette méthode de travail est la raison pour laquelle certains des contes arabes qui nous sont les mieux connus, comme Ali Baba ou Aladdin, sont intégrés au recueil des Mille et Une Nuits, alors qu'ils n'en font pas originellement partie.

La publication des contes se poursuit jusqu'en 1717 et connaît un grand succès. Mais c'est loin d'être la seule occupation d'Antoine Galland, revenu à Paris en 1709.

Les traductions inédites

Annie Vernay-Nouri parle d'Antoine Galland et de sa traduction des Mille et Une Nuits
Audio

Antoine Galland, orientaliste français
Par Annie Vernay-Nouri

Frontispice des Contes et fables indiennes de Bidpaï et de Lokman
Frontispice de l'édition posthume de la traduction des fables de Kalila et Dimna par Antoine Galland, 1724 |

Bibliothèque nationale de France

Le Journal que tient Galland depuis au moins 1669 ne nous est pas parvenu en entier ; les années 1708-1715 sont cependant conservées et font le portrait d'un savant modeste et érudit, à la vie calme et routinière, mais grand travailleur. En tant qu'antiquaire du roi, il examine de très nombreux objets dont il déchiffre les inscriptions. Nommé en 1709 à la chaire d'arabe du Collège Royal, il multiplie aussi les traductions d'ouvrages linguistiques ou historiques, les mémoires et les correspondances savantes. 

La plupart des traductions de Galland n'ont jamais été publiées, notamment celle du Coran, réalisée entre 1709 et 1710 pour l'abbé Bignon mais perdue depuis, dont plusieurs indices laissent deviner l'excellente qualité. Dans les manuscrits qu'il laisse à sa mort en 1715 se trouve également une traduction des contes et fables connus sous le nom de Kalila wa Dimna.

Provenance

Cet article provient du site Les Essentiels de la littérature (2015).

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